[11/09/2006 10:55:59] PARIS (AFP) La production industrielle française a fait grise mine en juillet après un mois de juin en demi-teinte, reculant dans l’automobile mais aussi dans tous les autres secteurs, ce qui reflète aux yeux des économistes la fragilité de la conjoncture économique française. La production industrielle française a baissé de 1,3% en juillet par rapport à juin, après avoir baissé de 0,1% le mois précédent, a annoncé lundi l’Insee. Pour la production manufacturière (hors énergie et industries agricoles et alimentaires), la baisse atteint même 1,5%, après un recul de 0,6% le mois précédent. Tous les secteurs s’inscrivent dans cette tendance: les biens de consommation (-0,6%), les biens intermédiaires (-2,4%) et d’équipement (-0,4%). Les industries agricoles et alimentaires régressent de 0,9%, l’énergie de 1,3%, la construction de 0,6%. Quant à l’industrie automobile, elle continue de décrocher, avec un repli de 1,4%, ce qui porte la baisse en glissement annuel à 8%, souligne Alexander Law, du cabinet d’analyses sectorielles Xerfi. “L’activité est au plus bas depuis près de 6 ans, les marques françaises perdant quasi structurellement des parts de marchés”, rappelle Nicolas Bouzou, économiste au cabinet d’analyses Asterès. Si le déclin de l’automobile est désormais une tendance lourde, le fait que tous les grands secteurs aient vu leur production baisser en juillet est “inattendu” pour Mathieu Kaiser, conjoncturiste chez BNP Paribas et “inquiétant” pour Nicolas Bouzou.
Au rang des explications, ce dernier cite la canicule du mois de juillet, car “lorsque les températures sont très chaudes, la demande fléchit dans des secteurs comme les articles de sport, les cosmétiques ou le chocolat”. Plus fondamentalement, “après la forte augmentation de l’investissement au deuxième trimestre, il ne serait pas étonnant que les chefs d’entreprises passent leur tour au troisième trimestre, histoire d’évaluer plus précisément les conséquences sur leur activité du ralentissement de l’économie américaine ou de la hausse des taux d’intérêt à court terme dans la zone euro”, selon lui. Résumant la pensée de ses confrères, Alexander Law voit dans les chiffres de juillet le reflet “de la fragilité de la conjoncture économique actuelle”. Certes, souligne-t-il, “la croissance française paraît bien partie pour atteindre 2,5% en 2006 mais le principal moteur d’activité reste la consommation privée”. Or, s’interroge-t-il, “un pays qui perd structurellement des parts de marché à l’extérieur et qui investit relativement peu pourra-t-il continuer longtemps à dépenser aussi allègrement?”. Et Nicolas Bouzou d’ajouter qu’en outre, “si l’industrie ne représente que 20% du produit intérieur brut français, de très nombreux secteurs des services (transport, nettoyage, recherche) dépendent de donneurs d’ordres industriels”, ce qui fait qu'”au total, c’est 40% de l’économie française qui sont liés à l’industrie”. Autant de données qui font que “les chiffres qui viennent de tomber ce matin ne sont pas rassurants”, conclut-il. |
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