Telecom Italia envisage une volte-face stratégique

 
 
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Marco Tronchetti Provera, président de Telecom Italia, le 19 juin 2006 à Milan (Photo : Paco Serinelli)

[11/09/2006 12:43:28] MILAN (AFP) Telecom Italia devait étudier lundi la séparation de son secteur téléphonie mobile, leader en Italie, du reste de ses autres activités, une première étape avant une éventuelle cession qui constituerait une volte-face stratégique.

L’opérateur italien réunit son conseil d’administration pour se pencher sur une réorganisation de ses activités fixe et mobile. Selon une source proche du dossier, Telecom Italia envisage de séparer son activité mobile et son réseau fixe en créant deux sociétés distinctes.

La séparation de la téléphonie mobile serait un préalable à sa mise en vente tandis que la filialisation du fixe répond à une injonction du régulateur des télécom, a souligné ce week-end le quotidien Il Sole 24 Ore.

L’opérateur a cependant précisé qu’aucune hypothèse de cession ne serait à l’ordre du jour de son conseil lundi.

Une vente de TIM, l’activité mobile, serait une réorientation stratégique complète, à peine deux ans après que Marco Tronchetti Provera, président de Telecom Italia, eut décidé fin 2004 d’investir 20 milliards d’euros pour racheter les 44% de sa filiale mobile afin d’en avoir le contrôle.

L’opérateur avait justifié cette opération par l’évolution du secteur vers une convergence du fixe et du mobile et la perspective d’offres commerciales permettant aux clients d’utiliser indifféremment les deux réseaux.

TIM est le premier opérateur mobile italien avec 40% du marché et une marge brute d’exploitation très élevée représentant environ 42% des ventes.

“Peu d’opérateurs historiques ont défendu l’histoire de la convergence avec autant de ferveur que Telecom Italia”, soulignent les analystes de Goldman Sachs.

“L’intégration fixe/mobile a produit des économies mais l’effet n’a pas été visible du point de vue des offres commerciales, notamment en raison de l’hostilité du régulateur”, note Oriana Cardani, analyste de Rasbank.

Résultat, Telecom Italia ploie sous une dette de plus de 41 milliards d’euros que les cash-flow attendus de TIM n’ont pas permis de réduire substantiellement et le cours stagne à environ 2,20 euros, contre 4 euros lorsque M. Tronchetti a lancé son OPA sur l’opérateur en 2001.

Selon Il Sole 24 Ore, le patron de Telecom Italia voudrait transformer son groupe en une société de médias, mieux valorisée en Bourse.

La nouvelle société serait concentrée sur la diffusion de contenus, sur le haut débit, en particulier grâce à un accord en cours de négociation pour accéder aux films, événements sportifs et dessins animés du groupe News Corp de Rupert Murdoch.

En Italie, News Corp est propriétaire de la chaîne satellitaire à péage Sky Italia.

En l’absence de détails, une telle hypothèse laisse sceptique les analystes.

“Le secteur des media est bien plus petit que les télécoms. Il est donc improbable de pouvoir créer de la valeur via la télévision sur IP ou par des sociétés communes dans les contenus”, estime Nick Delfas, analyste de Morgan Stanley dans une note.

En outre, les dirigeants du groupe risquent gros en termes de réputation, ajoute-t-il.

“Vendre TIM laisserait peu d’espace pour distribuer des contenus facilement et l’avantage pour un opérateur de télécoms réside dans la distribution et non la création de contenus”, selon Goldman Sachs.

L’opérateur doit aussi se préparer à un accueil hostile des syndicats. L’UIL (modéré) a prévenu qu’il se mettrait en grève en cas de filialisation de TIM tandis que la CISL (catholique) s’inquiète pour les “intérêts nationaux”.

 11/09/2006 12:43:28 – © 2006 AFP