[11/09/2006 19:24:37] PARIS (AFP) La Commission européenne doit reconnaître rapidement la place d’industrie culturelle de l’industrie des jeux vidéo, et accepter les mécanismes d’aide proposés par le gouvernement français, sous peine de voir se vider les capacités de création en Europe. Un déblocage de ce dossier, en souffrance depuis le début 2006 à Bruxelles, est urgent, ont souligné lundi les industriels et ministres participant à un colloque à l’Assemblée Nationale. “Il est capital de faire comprendre à Bruxelles que les jeux vidéo constituent une véritable industrie culturelle, et doivent pouvoir utiliser les mêmes mécanismes de soutien, et notamment de crédit d’impôt, qui ont été accordés à la création dans les domaines du cinéma, de la création musicale et de l’audio-visuel”, a souligné Patrice Martin-Lalande, député du Loir et Cher et organisateur de ce colloque. Le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres a précisé à l’occasion de ce colloque avoir demandé à la Commissaire européenne à la concurrence, Nelly Kroes, de le recevoir “dans les semaines qui viennent, afin de faire avancer ce dossier”. M. Martin-Lalande présentera, à l’occasion de la loi de Finances qui sera présentée fin septembre au Parlement, un amendement prévoyant la création d’un crédit d’impot “pour manifester clairement que le Parlement et le gouvernement sont attachés à ce mécanisme de soutien”, a-t-il indiqué à l’AFP. “Il y a urgence”, a insisté un représentant du SELL, le Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisir, rappelant qu’en dix ans les effectifs de l’industrie française des jeux vidéo ont été divisés par deux, passant de 25.000 à 12.000 personnes de 1995 à 2005. Alors que la France comptait trois des plus importants éditeurs de jeux vidéo dans le monde, avec Vivendi Universal Games, Infogrames et Ubisoft, les délocalisations se sont accélérées au cours des dernières années, principalement parce que d’autres pays, comme le Canada, offrent aux créateurs des aides gouvernementales conséquentes. “Alors que les budgets d’investissement dans de nouveaux jeux atteignent aujourd’hui des montants aussi élevés que dans le cinéma, avec des coûts dépassant les douze à quinze millions d’euros, on ne peut demander à un éditeur de se battre contre la concurrence internationale avec des boulets aux pieds”, a expliqué Antoine Villette, président directeur général du studio Darkworks. Le mécanisme de crédit d’impôt prévoit une remise de 35% des dépenses globales de création, ce qui permettrait aux entreprises de lisser leurs besoins de trésorerie. “Le coût budgétaire de cette mesure devrait être de seulement 20 millions d’euros, et ne peut donc être considéré comme un frein à son adoption”, indique M. Martin-Lalande. Alors que le marché des loisirs interactifs en France est devenu plus important que celui de la musique ou du cinéma (1,6 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2004), le gouvernement veut aussi sauvegarder dans ce secteur la diversité culturelle. “On ne peut s’empêcher de penser à la campagne promotionnelle conduite par l’armée américaine à travers la diffusion d’un jeu vidéo, ou même à la représentation presque caricaturale dans certains jeux des villes bâties sur le modèle américain”, a dit le ministre de la Culture. |
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