[12/09/2006 15:57:52] LONDRES (AFP) Le recul précipité des prix du pétrole ces derniers jours, qui s’est répercuté sur d’autres marchés dont les métaux, fait craindre la fin du boom des matières premières observé depuis cinq ans, alors que les investisseurs commencent à se retirer du secteur. Au début du mois, les prix du brut retombaient sous le seuil des 70 dollars le baril au-dessus duquel ils évoluaient depuis avril. Et depuis une semaine, ils ont accéléré leur repli, touchant 64,82 dollars mardi à New York, un plus bas depuis cinq mois et un recul de 17% depuis son record historique de 78,40 dollars atteint en juillet. D’autres matières premières ont chuté dans la foulée. Le cours de l’or est repassé sous les 600 dollars l’once pour la première fois depuis deux mois, perdant 9% en une semaine, tandis que le cuivre a abandonné plus de 500 dollars la tonne (8%) depuis jeudi. L’argent, le cuivre, l’aluminium, le café, le sucre ou encore le soja ont aussi subi une forte correction, ravivant le débat sur l’existence d’une bulle spéculative sur les marchés des matières premières qui serait en train ou sur le point d’éclater. “Les matières premières présentent les symptômes d’une bulle”, souligne Nikolaos Panigirtzoglou, analyste chez JP Morgan. “On ne sait pas trop si elle est gonflée au maximum ou si elle peut encore durer, mais il semble qu’on soit proche de l’éclatement”. “L’évolution des prix depuis un mois montre que certains investisseurs sont en train de perdre confiance dans le scénario de progression à l’infini des prix de l’énergie”, observe-t-il ainsi. Stephen Roach, économiste chez Morgan Stanley à New York, allait plus loin il y a quelques jours en affirmant: “la méga-course en avant des matières premières a pris fin”.
Déjà en mai, il prédisait un effondrement des prix des matières premières cette année, mettant notamment en garde les investisseurs contre un trop grand optimisme quant à l’appétit de la Chine. “Misez en 2006 sur la bulle des matières premières à vos risques et périls”, leur disait-il. “L’histoire nous apprend que les meilleures choses ont une fin”. La plupart des analystes estiment que cette bulle spéculative aurait débuté fin 2005 ou début 2006, lorsque la hausse des cours entamée autour de février 2002 avait accéléré à un rythme non justifié par les seuls fondamentaux sur l’offre et la demande. Depuis le début du mois, les marchés des matières premières sont ébranlés par une révision en baisse des prévisions de croissance économique et donc des perspectives de demande. Un ralentissement économique est attendu aux Etats-Unis tandis que la Chine semble vouloir agir pour freiner sa croissance et éviter la surchauffe. Le Fonds monétaire international (FMI) a mis en garde mardi contre de “sévères” corrections sur les marchés financiers, estimant qu’après plus de trois ans de forte croissance, l’économie mondiale se trouvait à un “carrefour important”. Dans ce contexte, les fonds d’investissement qui diversifiaient depuis plusieurs mois leurs portefeuilles au profit des matières premières, ont pris peur et se sont mis à vendre massivement ces derniers jours. La thématique de l’éclatement de bulle des matières premières est cependant loin de faire l’unanimité sur les marchés, de nombreux analystes continuant de penser que l’offre ne suffira pas à satisfaire la demande pendant encore plusieurs années, notamment chez les métaux. Pour James Gutman, économiste à Goldman Sachs, le repli actuel des prix n’est rien de plus que “des fluctuations cycliques”. “Ce n’est certainement pas la fin de la hausse des marchés sur le long terme”, assurait-il. |
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