Convaincus
des opportunités qu’ils s’offrent mutuellement, chez eux et dans leurs
régions respectives, la Tunisie et l’Afrique du Sud sont en train de
négocier un accord commercial préférentiel et de discuter de l’ouverture
d’une liaison aérienne directe. M. Daniel N. Meyer, ambassadeur d’Afrique du
Sud en Tunisie, nous livre son analyse de la situation et des perspectives
des relations tuniso-sud-africaines.
Webmanagercenter : quel est votre rêve pour les relations
tuniso-sud-africaines ?
Daniel N. Meyer : Je rêve de voir l’ensemble de nos relations se
hisser au niveau de nos excellents rapports politiques. Comme vous le savez,
notre président, l’actuel (Thabo Mbeki), est venu à plusieurs reprises en
Tunisie alors qu’il était vice-président, et au moins deux fois depuis qu’il
a succédé à M. Nelson Mandela. Lors de sa visite de 2004, il a invité votre
président à visiter l’Afrique du Sud.
Nous oeuvrons actuellement à améliorer nos relations dans
différents domaines, comme la recherche, la santé publique, les technologies
de l’information et de la communication, l’agriculture, etc.
En matière
économique, la Tunisie se propose comme une porte sur l’Afrique du Nord et
l’Europe pour l’Afrique du Sud, et considère votre pays comme une porte
d’entrée dans la partie méridionale du continent africain. Est-ce que vous
partagez cette vision ?
Il y a certainement du mérite dans cette attitude. Concernant l’Afrique du
Sud, vous savez que l’économie sud-africaine est très intégrée dans celles
de nos voisins, c’est-à-dire le Botswana, le Lesotho, la Namibie, le
Swaziland, le Zimbabwe, la Zambie et le Mozambique. Donc, si vous parlez de
relations commerciales, vous parlez automatiquement de relations avec tous
ces pays membres de la South African Development Community (SADC).
Il en est de même pour la Tunisie. Quand une entreprise s’y installe, elle
dispose de nombreuses opportunités dans toute la région. Des pays comme
l’Algérie, la Libye, le Maroc, etc. font automatiquement partie du marché
des entreprises présentes en Tunisie. Celles-ci ont, en outre, la
possibilité d’accéder au marché européen. Nous essayons actuellement de
conclure un accord préférentiel pour faciliter le commerce entre la Tunisie
et l’Afrique du Sud. Car, les tarifs douaniers et taxes sont encore très
élevés.
Quand un tel traité pourrait-il entrer en vigueur ?
Cela est difficile à prédire. A l’occasion du Forum des
affaires qui s’est tenu il y a quelques semaines en Afrique du Sud, votre
secrétaire d’Etat au Commerce et à l’Artisanat a eu des discussions avec
notre ministre du Commerce. Nous espérons que le ministre viendra en Tunisie
en février 2007, avec une grande délégation d’hommes d’affaires. Un projet
d’accord devrait avoir été élaboré d’ici là.
Y a-t-il déjà des hommes d’affaires intéressés par la Tunisie ?
Certains font déjà du commerce avec la Tunisie, mais il est
toujours difficile de les identifier. Les statistiques du commerce bilatéral
ne sont pas impressionnants et tournent autour de dix millions de dollars.
Néanmoins, le volume réel du commerce tuniso-sud-africain est plus
important, car une partie passe par l’Europe. Les hommes d’affaires
tunisiens achètent des produits sud-africains en Europe où ils coûtent moins
cher en termes de droits de douanes et de taxes. Et je suppose que les
Sud-africains en font de même.
Mais, malheureusement, il n’y a pas encore d’hommes d’affaires sud-africains
installés ici. A l’opposé, quelques hommes d’affaires tunisiens sont établis
en Afrique du Sud, avec des affaires qui marchent bien. Notamment dans les
céramiques dont des quantités sont expédiées tous les mois de Nabeul en
Afrique du Sud.
L’absence de liaisons aériennes et maritimes directes entre les deux pays
entrave le développement des échanges commerciaux. Y’a-t-il une solution à
l’horizon ?
C’est vrai que le fait que la Tunisie soit à une extrémité du
Continent et l’Afrique du Sud à l’autre complique les communications en
termes de transport et a un effet négatif sur le commerce entre les deux
pays, car la distance rend un produit plus cher. Mais l’existence de
relations commerciales me donne à penser que ces obstacles ne constituent
pas un mur infranchissable. On peut faire des affaires malgré ces
difficultés.
Malgré cela, nous sommes en train d’essayer d’améliorer les liaisons
aériennes. Mais on doit s’y prendre progressivement. Nous sommes en train de
négocier avec Tunisair et South African Airlines qui doivent discuter de la
manière d’améliorer ces liaisons.
Pour le transport maritime, je pense qu’il s’améliorera une fois que les
volumes justifieront l’établissement de liaisons directes.