Pétrole : le manque de capacités de raffinage pas résolu avant 2010

 
 
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Une raffinerie de pétrole, en mai 2005 en France (Photo : Joël Saget)

[13/09/2006 10:20:41] VIENNE (AFP) Il ne sera pas remédié avant 2010 au manque de capacités de raffinage au niveau mondial, qui contribue aux prix élevés du pétrole, ont averti des experts au cours d’une conférence organisée par l’Opep mardi et mercredi à Vienne.

“La saturation des capacités de raffinage ajoutée à la saturation des capacités de production de brut sont les problèmes-clés pour régler la question des prix élevés” du pétrole, a déclaré Claude Mandil, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

“Si tout va bien, nous pourrions voir apparaître quelques capacités excédentaires de raffinage début 2010. Je dis +si tout va bien+ car cela reste une interrogation”, a-t-il ajouté. “Il y a 66 nouvelles raffineries en projet, mais je doute que toutes voient le jour”, a expliqué l’expert.

Le raffinage consiste à transformer le pétrole brut en carburant (essence, diesel et fioul domestique notamment).

Les onze pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), laquelle a eu sa conférence ministérielle lundi, extraient actuellement plus de 29 millions de barils de brut par jour. Pour dix d’entre eux, les quotas fixés par le cartel sont à un niveau record depuis 25 ans car ils profitent notamment de l’essor de l’économie chinoise.

Malgré une production de pétrole brut au plus haut, les cours restent élevés, mais sont passés sous les 64 dollars le baril mardi, en repli depuis le pic de 78 dollars atteint en juillet.

“Des capacités de raffinage inadéquates mettent beaucoup de pression sur les prix du pétrole”, a souligné Mohamed Barkindo, secrétaire général de l’Opep.

Il a estimé le besoin d’investissements dans de nouvelles capacités à 160 milliards de dollars (126 milliards d’euros) sur 10 ans auxquels s’ajoutent 150 milliards pour la maintenance et la mise à niveau des capacités existantes. “Ces montants ne sont pas assurés, il manque environ 100 milliards de dollars d’investissements”, a-t-il averti.

Aucune nouvelle raffinerie n’a été construite aux Etats-Unis depuis 30 ans et en Europe depuis 20 ans. Mais les responsables de l’industrie pétrolière ont expliqué à Vienne leur prudence par la crainte que la demande de produits pétroliers ne suive pas.

“Il y a une grande incertitude sur la demande de pétrole à court terme. Personne ne peut dire avec certitude si les investissements envisagés dans le raffinage seront concrétisés pendant les cinq prochaines années”, a indiqué Shukri Ghanem, le patron de la compagnie pétrolière nationale de Libye.

Le ministre saoudien du pétrole Ali al-Nouaïmi a souligné l’impact des variations de la demande de pétrole sur la rentabilité des investissements en raffinage.

“On estime qu’une différence de seulement un million de barils par jour dans les projections de production de l’Opep entraîne un sur-investissement ou un sous-investissement de 8 milliards de dollars à l’horizon 2010 et de 15 milliards de dollars à l’horizon 2025”, a-t-il expliqué.

Le directeur de la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell, Jeroen van der Veer, a estimé pour sa part qu’on attendait de l’industrie pétrolière des investissements sans limite en matière de raffinage. “Ce n’est pas notre façon de voir les choses chez Shell”, a-t-il expliqué à la conférence.

Les experts réunis à Vienne ont noté par ailleurs que l’industrie du raffinage devait relever d’autres défis que celui des capacités de production. Ils ont notamment insisté sur le besoin d’investir dans des technologies permettant de produire des carburants plus propres face aux exigences de respect de l’environnement.

 13/09/2006 10:20:41 – © 2006 AFP