[13/09/2006 10:55:46] PARIS (AFP) Trois mois après le mercredi noir qui avait vu EADS perdre le quart de sa valeur en Bourse pour cause de retard dans le programme phare de sa filiale Airbus, l’action du groupe aéronautique européen peine à remonter malgré des spéculations autour des appétits de la Russie. Le 14 juin, EADS annonçait que des retards dans la production de l’avion géants allaient amputer son bénéfice avant impôts de 500 millions d’euros par an entre 2007 et 2010. En plus de la chute de la rentabilité de la société, ces nouveaux retards de l’A380 ont alimenté des doutes quant aux commandes futures du groupe et au respect du calendrier de ses autres programmes. La sanction ne s’est pas faite attendre: l’action EADS a chuté le jour même de 26%, réduisant la valeur boursière de l’entreprise de six milliards d’euros et signant le pire recul journalier d’une valeur du CAC 40 depuis 2002. Depuis, le cours d’EADS peine à remonter la pente: tombé à 18,73 euros au terme du mercredi noir, il est revenu actuellement au-dessus de 23 euros. Mais ce début de remontée a surtout été provoqué par l’irruption surprise au capital du groupe de la banque publique russe VTB, qui a pris 5,02% de son capital, et les déclarations mardi d’un proche conseiller de Poutine évoquant la possibilité que son pays atteigne un jour la minorité de blocage. Malgré les spéculations alimentées par cette prise de participation de la Russie, le titre reste encore loin des 35 euros qu’il affichait au printemps, et pour les analystes financiers, EADS ne pourra redécoller durablement en Bourse que lorsque son horizon financier se sera dégagé. Sans compter qu’au-delà des aspects comptables, EADS doit aussi résoudre la crise de confiance suscitée par l’aveu tardif des problèmes de l’A380, et aggravée par le scandale autour des stock-options qu’avaient exercées certains dirigeants avant la chute du titre. Certes, en trois mois, les têtes ont valsé au sein du groupe, et la nouvelle direction pilotée côté français par Louis Gallois, un industriel respecté, a promis de présenter à la fin du mois des solutions aux problèmes d’Airbus. Mais, en plus des surcoûts engendrés par le retard de l’A380, le groupe a dû également revoir presqu’entièrement son projet de moyen-courrier A350, dont le coût va doubler à 8 milliards d’euros, et les analystes craignent aussi d’éventuels retards dans le projet d’avion de transport militaire A400M. L’addition finale risque donc d’être plus salée que prévu, une inquiétude renforcée par les critiques du groupe britannique BAE Systems: son directeur général Mike Turner a affirmé mercredi qu’Airbus faisait face “à de très gros défis” sur les 3 ou 4 prochaines années et pourrait réclamer de l’argent frais aux actionnaires. Autre motif de souci, BAE va céder sa part de 20% d’Airbus à EADS, pour 2,75 milliards d’euros. Un montant certes inférieur aux attentes, mais qui va creuser encore plus les finances du groupe lourdement mises à contribution par les programmes A380 et A350. “De plus à court terme, la faiblesse persistante du dollar face à l’euro constitue pour EADS un problème supplémentaire”, a prévenu Ixis. Résultat, plusieurs courtiers influents dont Exane BNP Paribas et Crédit Agricole Cheuvreux conseillent aujourd’hui aux épargnants de rester à l’écart du constructeur aéronautique. |
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