[13/09/2006 16:39:40] BERLIN (AFP) Le conglomérat allemand MAN a confirmé mercredi son intérêt à acquérir son rival suédois Scania, une opération qui le propulserait à la première place du secteur des poids lourds en Europe devant DaimlerChrysler et Volvo. “Selon MAN, une telle combinaison offre une logique convaincante”, a indiqué le groupe de Munich (sud) mercredi dans un bref communiqué, où il fait part sans plus de détails de son “intérêt”. “Ensemble, les deux entreprises deviendraient numéro un sur le marché des véhicules utilitaires en Europe et créeraient ainsi une base importante pour une croissance profitable”, argumente MAN, qui promet de nouveaux développements la semaine prochaine. Les investisseurs se ralliaient à cette logique: à la Bourse de Francfort l’action MAN grimpait de 1,40% à 61,50 euros à 13H30 GMT. La perspective du changement d’échelle d’un groupe longtemps vu comme une cible potentielle compensait largement les craintes sur le prix et le financement. La banque allemande WestLB évalue le coût de l’opération entre 10 à 12 milliards d’euros, à comparer aux 8,4 milliards (71,3 millions de couronnes suédoises) que valait Scania en Bourse mardi. “L’opération devrait revenir assez cher et le financement pourrait inclure une émission de capital (par MAN)”, relevait Robert Heberger de la banque Merck Finck. Mais qu’importe, les deux entreprises vont bien ensemble. Elles “se complètent géographiquement, avec MAN qui se concentre sur l’Allemagne et Scania sur les régions scandinaves et la Grande-Bretagne”, selon la banque Merrill Lynch. Cette complémentarité géographique pourrait être un avantage aux yeux de la Commission européenne, laquelle avait en 2000 mis son veto au rapprochement entre Scania et son compatriote Volvo. En reprenant Scania, MAN, actuel numéro trois en Europe de l’Ouest, deviendrait le numéro un européen des camions et bus devant DaimlerChrysler et devant Volvo, qui a combiné ses activités véhicules utilitaires avec le français Renault VI en 2001. Et le groupe allemand, longtemps un conglomérat voué aux yeux des analystes au démantèlement, se doterait d’un profil clair de spécialiste du poids lourd. Haakan Samuelsson, patron de MAN, suédois et ancien de Scania, avait annoncé la semaine dernière vouloir tripler les ventes de camions et bus du groupe, et atteindre la taille de ses grands concurrents. Scania pour sa part, fleuron de l’industrie suédoise au passé agité, devrait perdre son indépendance mais son rachat mettrait fin à plusieurs années de revirements et d’incertitudes sur l’avenir. Avec une marge opérationnelle de l’ordre de 10%, contre 7,5% attendu par MAN cette année, par exemple, le groupe excite tout naturellement les convoitises. Après le mariage avorté avec Volvo, c’est Volkswagen qui avait mis un pied dans la place, en prenant une participation de 18,7% et 34% des droits de vote. Mercredi une porte-parole du constructeur automobile a répété que la société considérait sa participation dans Scania comme un actif “stratégique”. Des rumeurs de marché prêtent au groupe l’intention de céder une partie de sa participation à MAN, ou d’apporter l’ensemble de ses activités véhicules utilitaires dans un nouveau groupe rassemblant les camions de MAN et de Scania. Parmi ses autres actionnaires Scania compte l’influente famille suédoise Wallenberg, et le constructeur automobile français Renault. Comme Scania lui-même, ceux-ci attendent maintenant les termes proposés par MAN. Les élections générales en Suède ce dimanche, à l’issue incertaine, pourraient n’être pas étrangères au délai fixé par celui-ci jusqu’à la semaine prochaine. Un flottement politique pourrait venir fort à propos et limiter les tendances protectionnistes suédoises. |
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