Avec un bénéfice record, GDF aura du mal à justifier une hausse des prix

 
 
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Le PDG de GDF Jean-François Cirelli lors de la présentation des résultats du groupe à la presse, le 12 septembre 2006 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[13/09/2006 15:43:07] PARIS (AFP) Avec un bénéfice semestriel record et des cours du pétrole en baisse, Gaz de France pourrait avoir du mal à justifier sa demande récurrente d’une hausse des prix du gaz pour les consommateurs.

Certes le gouvernement n’entend plus augmenter les tarifs du gaz et de l’électricité avant le 1er juillet 2007, soit avant l’élection présidentielle du printemps prochain.

Mais le PDG du groupe public, Jean-François Cirelli, affirme dans un entretien au Figaro paru mercredi avoir toujours “espoir” d’obtenir de l’Etat un rattrapage des prix réglementés (fixés par les pouvoirs publics).

GDF estime que les prix réglementés, qui représentent un tiers de ses ventes, ne couvrent pas les coûts d’approvisionnement et d’acheminement du gaz.

Or GDF a annoncé mardi un bénéfice record pour le premier semestre de 1,7 milliard d’euros, en progression de 44%, et révisé à la hausse ses prévisions annuelles.

La dernière hausse des prix du gaz remonte au 1er mai. Le gouvernement avait décidé d’augmenter les prix pour les particuliers de 5,8%, alors que GDF réclamait une hausse de 8,1%, et la Commission de régulation de l’énergie (CRE), consultée par le gouvernement sur chaque évolution de tarifs, de 6,2%.

Selon GDF, le manque à gagner a représenté 331 millions d’euros dans les comptes semestriels et pourrait encore coûter 174 millions au second semestre, puis 250 à 350 millions au premier semestre 2007, sur la base d’un baril de pétrole à 65 dollars –le prix du gaz étant indexé sur celui du pétrole.

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Fiche technique de GDF

Pourtant, ce manque à gagner a été plus que compensé par la croissance des volumes de gaz vendus et les déstockages, permettant à l’activité achat-vente d’énergie de dégager au premier semestre un excédent brut d’exploitation de 641 millions d’euros, en hausse de 46%.

“Ce n’est malheureusement pas avec d’aussi bons chiffres que le groupe pourra continuer à réclamer au gouvernement des hausses tarifaires”, estiment les analystes de CM-CIC Securities.

Pour les courtiers d’Oddo Securities, la hausse des tarifs du gaz de 5,8% pourrait même rapporter 300 millions d’euros à l’activité vente en France au premier semestre 2007.

La fédération CGT de l’énergie considère que “l’envol” des résultats résulte d’une hausse des prix de 26% entre juillet 2005 et mai 2006.

La hausse des tarifs aurait fait progresser la marge gaz (différence entre le prix de vente et le prix d’achat) de 13%, soit 400 millions d’euros, au premier semestre, selon la CGT. “On est loin des affirmations du président de GDF indiquant que l’entreprise vendait à perte. On est loin aussi de ses promesses que l’objectif de GDF était de fournir le gaz le moins cher possible”, accuse le syndicat.

La baisse des cours du baril de brut, qui valait moins de 64 dollars mercredi midi à New York, pourrait en outre modérer les revendications de Gaz de France. Dans Le Figaro, M. Cirelli reconnaît lui-même que la différence entre le prix d’achat et les prix de vente de GDF n’est “pas énorme”, car fondée sur un baril à 65 dollars.

Une hausse des tarifs permettrait à GDF de redorer sa valeur en Bourse, dans le cadre de sa fusion avec le groupe Suez, dont certains actionnaires craignent d’être défavorisés.

Les courtiers de Citigroup soupçonnent à cet égard GDF d’avoir “utilisé tous les moyens possibles pour embellir les chiffres du premier semestre”. “Nous croyons à la force de GDF”, et la parité retenue dans le cadre de la fusion sera “équitable” pour les actionnaires des deux groupes, a martelé M. Cirelli.

 13/09/2006 15:43:07 – © 2006 AFP