[14/09/2006 12:37:53] PARIS (AFP) Le groupe de luxe français Hermès a décidé de vendre sa part dans le fabricant d’appareils photo Leica, mettant fin à son aventure mouvementée avec la marque allemande rendue légendaire par Capa et Cartier-Bresson mais durement éprouvée par la révolution numérique. Hermès possédait 36,2% de Leica selon un pointage remontant au printemps. Il va céder sa participation à ACM, holding contrôlée par l’une des plus riches familles autrichiennes, les Kaufmann. ACM détiendra à l’issue de cette cession 88% du capital de Leica. Le groupe de luxe français, célèbre pour ses sacs à main et ses carrés de soie, va réaliser une plus-value comptable de 15 millions d’euros. “C’était un désengagement un peu programmé, qui génère une plus-value donc tout est bien qui finit bien”, a dit à l’AFP le gérant d’Hermès, Patrick Thomas Car Leica, accumulant les pertes, subissant une valse de patrons, a frôlé le dépôt de bilan au printemps 2005, faute d’avoir correctement anticipé le tournant numérique. Le fabricant allemand avait pourtant révolutionné en son temps l’univers de la photo. En 1925 à la foire de Leipzig, la société d’Ernst Leitz (d’où le nom des appareils, dérivé de Leitz Camera), présente un petit boîtier au format 24×36 mm. C’est l’invention d’un ingénieur qu’on dit asthmatique, fatigué de transporter avec lui trépieds et soufflets indispensables à l’époque… Le petit appareil décolla vraiment dans les années 40, dans les mains des premiers grands reporters-photographes tels que Robert Capa ou Henri Cartier-Bresson, qui surent mettre à profit sa discrétion, sa maniabilité et son optique de grande précision. Outre des appareils photo, Leica décline d’ailleurs son savoir-faire en jumelles et optiques de précision. Mais de l’avis de tous les spécialistes du secteur, Leica a été pris de court par l’avènement fulgurant de la photographie numérique et le déferlement d’appareils de qualité, souvent asiatiques, à des prix accessibles. Les actionnaires, Hermès en tête, ont dû mettre la main à la pâte et au portefeuille à l’été 2005 pour monter un plan de sauvetage de la dernière chance. “On a mis un nouveau patron, on a fait des accords avec (le groupe japonais Matsushita/Panasonic), on a restructuré financièrement”, énumère M. Thomas, qui reconnaît y avoir laissé “un peu de transpiration.”. “Et maintenant ça va bien!”, se réjouit-il. Leica a réduit de moitié ses pertes sur son dernier exercice fiscal, achevé au printemps, et “est désormais dans le vert au niveau de l’exploitation”, indique le gérant d’Hermès. En particulier, le futur modèle numérique M8 “a l’air de démarrer sur les chapeaux de roue, il est prévendu jusqu’à la fin de l’année 2007”, assure-t-il. Le M8, dont la présentation officielle est imminente, est l’objet de toutes les spéculations des amateurs de photo. Et suscite déjà beaucoup de convoitises, malgré son prix, annoncé entre 4.000 et 4.500 euros sur les sites internet spécialisés. Hermès n’a pas pour autant coupé tous les ponts avec Leica: le groupe a ainsi conservé des obligations convertibles en actions, d’un montant total de 7,5 millions d’euros. “Nous n’excluons pas de les convertir un jour”, indique Patrick Thomas, ajoutant: “Je reste administrateur de Leica pendant encore au moins 3 ans, nous restons leur distributeur dans certains pays”, par exemple au Japon. Le groupe de luxe se voit désormais “comme un grand frère” pour Leica, conclut-il. |
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