[15/09/2006 11:36:35] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international (FMI) veut donner plus de voix en son sein à la Chine et d’autres pays émergents afin de tenir compte de leur poids grandissant, lors de son assemblée annuelle à Singapour, aussi consacrée aux problèmes économiques mondiaux comme le pétrole cher. Signe des temps et de l’importance de l’Asie, les gouverneurs des 184 Etats membres de l’institution, créée il y a 60 ans, se retrouveront les 19 et 20 septembre dans la ville-Etat pour la première assemblée annuelle du FMI en terre asiatique depuis la crise financière de 1997. La Banque mondiale y tiendra aux mêmes dates son assemblée annuelle consacrée à l’adoption d’un ambitieux paquet de lutte contre la corruption proposé par son président Paul Wolfowitz. Ces assemblées seront précédées, le 16 septembre, de la traditionnelle réunion des grands argentiers des nations les plus industrialisées (G7) pour examiner la santé de leurs économies et monnaies, en particulier la récente faiblesse du yen. Même si la croissance a ralenti aux Etats-Unis, affectée par le refroidissement du marché immobilier, “ailleurs dans le monde les perspectives de croissance sont encourageantes”, estime le directeur général du FMI Rodrigo Rato. En 2006, la croissance mondiale devrait atteindre 5,1%, selon un document du Fonds. Mais M. Rato met en garde devant la persistance de risques, tels le pétrole toujours cher, les pressions inflationistes et la situation tendue au Moyen-Orient.
Pour le FMI, l’essentiel des débats portera sur les moyens de dépoussiérer son mode de fonctionnement conçu dans l’immédiat après-guerre pour l’adapter au paysage économique du 21e siècle. Il y a un “réel besoin de rééquilibrage des quotes-parts afin de refléter les changements des réalités économiques, en particulier le poids économique accru des principaux marchés émergents”, a souligné M. Rato. La réunion de Singapour devrait ainsi décider de relever dans un premier temps les quotes-parts de quatre pays: Chine, Corée du Sud, Mexique et Turquie, jugés particulièrement sous-représentés. Les quotes-parts au capital du FMI déterminent aussi les droits de vote et le montant de l’aide financière qu’un pays peut obtenir de l’institution. Actuellement Washington détient le plus fort pourcentage (17,08%) de voix et contribue à hauteur d’environ 55,1 milliards de dollars à un capital total de 317 milliards de dollars fin juillet 2006. Mais cette révision des quotes-parts, qui sera avalisée sans problème par 85% des votes d’ici l’assemblée annuelle comme le requièrent les statuts, n’est que le début d’une réforme plus élaborée à effectuer d’ici l’automne 2008. Il s’agit de redéfinir et simplifier la formule qui permet de calculer ces quotes-parts afin de refléter clairement les nouvelles donnes à l’heure de la mondialisation. “Evidemment il y a plusieurs opinions”, a diplomatiquement résumé le patron du FMI en se montrant discret sur les dissensions. D’un côté, les Etats-Unis veulent une représentation plus forte de la Chine conforme à son essor économique afin de mieux l’intégrer sur la scène internationale. De l’autre, les petits pays européens, comme la Belgique, les Pays-Bas où la Suède, critiqués pour leur “sur-représentation” actuelle en matière de droits de vote, craignent d’être lésés dans la redistribution. L’idée d’une consolidation des droits de votes européens au FMI, au moins pour la zone euro, a toutefois refait surface vendredi lors d’une réunion européenne à Helsinki. Rodrigo Rato, interrogé avant la réunion sur cette option, s’est contenté de rappeler que, dans son “institution, la représentation ne se fait pas par régions mais par pays”. D’autres encore en Amérique Latine ou en Afrique veulent à l’occasion obtenir un poids accru dans le processus de décision au sein du FMI. |
||||
|