Nous
sommes le 15 septembre et c’est la rentrée. En me rappelant mes comptines
d’enfance, il me semble bien qu’en ce jour là, tout le monde devrait chanter
la célèbre « gaie, gaie la rentrée ».
Seulement, pour cette rentrée 2006, la rentrée ne risque pas d’être vraiment
gaie.
C’est que le pauvre Tunisien va devoir vivre ces trois semaines comme un
enfer ! Il s’agit de cette période séparant le 1er au 24 septembre 2006. Le
1er coïncide avec la fin de l’été, le 24 à celui du démarrage du mois saint
du ramadan. La première date signifie que l’on est en théorie fauché à cause
des faramineuses dépenses de l’été. La seconde signifie que l’on doit être
friqué aux as pour pouvoir entamer les autres faramineuses dépenses du
ramadan et de l’aïd qui s’en suit. A ce titre, j’aimerai bien
demander aux autorités religieuses s’il n’est pas possible de séparer l’aïd
du ramadan, question de souffler un peu. On me répond que non et que je n’ai
pas intérêt à m’attarder trop sur la question. Je ferme la parenthèse.
Entre les deux dates, cette année, s’est glissée en sandwich une autre qui,
à elle seule, représente une montagne de dépenses : c’est celle
d’aujourd’hui 15 septembre. Rentrée scolaire ou universitaire, ce jour
correspond à des achats de tous genres ! Cartables, tabliers, cahiers et
souliers. Si vous avez un enfant en bas âge, vous vous en sortirez tant bien
que mal. Mais si vous en avez plusieurs et qui ne sont plus vraiment
enfants, bonjour les dégâts. Je les plains sincèrement ces parents ! Je
pense particulièrement à l’un d’eux à qui je ne dois surtout pas présenter une
demande d’augmentation en cette période
(Surtout pas, sans compter qu’on aura a faire face aux échéances
trimestrielles, fin septembre… rdv donc, pour l’année prochaine)*.
Entre les goûts des enfants qui changent au gré de ce que leurs camarades de
classe portent, les prix qui grimpent malgré les rabais affichés, le pouvoir
d’achat qui recule et les dépenses de la saison
estivale, les parents ne savent plus où donner de la tête s’ils ont encore
une tête ! Imaginez-les (je parle aux célibataires et aux jeunes parents)
avec la liste scolaire, les cahiers de tous genres, les livres, les
cartables estampillés des figurines de vedettes télé, les demandes de
l’aîné, les exigences de la cadette et les caprices de la benjamine, il y a
de quoi la perdre sa tête. Si l’on se base sur le calcul très approximatif
de 150 dinars (je confirme
ce chiffre, factures à l’appui, …pour 4 enfants le budget affiche déjà
600 Dinars)* de dépenses par rejeton, on aura dépassé largement le
double du SMIC pour les seules fournitures scolaires et achats
vestimentaires nécessaires avec trois enfants seulement (la moyenne de nos
ménages). Comment font-ils ? Comment vont-ils attaquer le ramadan à nos
portes ?
Mais comme si tout cela ne suffisait pas, avec l’été, la rentrée et le mois
saint, voilà que les factures vont tomber les unes après les autres. La
première d’entre elles m’est parvenue hier, celle de la STEG. Il faut que je
la paie avant le 24 de ce mois, soit le premier jour du ramadan. La suivante
viendra certainement au cours de cette semaine, ce sera celle de mon
opérateur téléphonique qui me fera payer cher mes bavardages d’été et la
dernière (j’espère que ce sera la dernière en fait) sera celle de la SONEDE.
Mais ce n’est pas tout, car au vu de l’envolée des prix du pétrole, il ne
faut pas s’étonner que dans la foulée, on nous surprenne par une énième
augmentation des prix du carburant. Et voilà, avec les dépenses de tous
genres et les factures de toutes couleurs, la rentrée ne peut être gaie !
Et que vous ayez ou non des enfants, vous ne pourrez pas échapper à quelques
unes de ces dépenses !
Bonne année quand même !
* Ces phrases ne faisaient pas parti du texte original.