[15/09/2006 10:18:43] PARIS (AFP) Xavier Niel, fondateur d’Iliad (maison-mère de Free) et considéré comme l’un des pionniers de l’Internet en France, a comparu jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris avec plusieurs gérants de sex-shops – dans lesquels il avait investi -, poursuivis pour des faits de proxénétisme. Au premier jour de ce procès qui doit durer jusqu’au 21 septembre, la 11e chambre du tribunal correctionnel a commencé à s’intéresser aux activités du sex-shop baptisé Roxane et installé à Strasbourg, l’un des trois établissements dans lesquels M. Niel, 39 ans, avait placé de l’argent. Aujourd’hui vice-président du conseil d’administration et directeur général délégué à la stratégie d’Iliad, maison-mère du fournisseur d’accès à internet Free, M. Niel, présent à l’audience, est poursuivi pour “recel d’abus de biens sociaux”. L’accusation le soupçonne d’avoir notamment empoché près de 5.000 euros par mois en espèces sur les recettes d’un de ces sex-shops. Au total, la somme qu’il aurait ainsi accumulée sur trois ans avoisinerait 200.000 euros, selon l’estimation qu’il a lui-même donnée dans les colonnes du Monde daté de jeudi. D’abord mis en examen pour “proxénétisme aggravé” et incarcéré pendant un mois, M. Niel avait finalement été lavé de cette accusation par un non-lieu rendu le 30 août 2005 par le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke. Il ne résultait pas “avec certitude” des investigations faites par les enquêteurs que M. Niel avait eu connaissance “de la nature exacte des activités des salariées” du sex-shop Roxane, selon une source judiciaire. Les gérants de cet établissement, interrogés jeudi par le tribunal, étaient en revanche bien au courant. Mario Cesca, gérant du Roxane, a ainsi reconnu que les “artistes visuelles” de son magasin pratiquaient des “attouchements à nature sexuelle”. “Au départ, le magasin ne marchait pas du tout, les filles ont proposé de se laisser toucher, on a commencé à tolérer”, a-t-il expliqué à la barre. Pour autant, il tente de minimiser l’ampleur de ces pratiques: “il y a eu deux, trois débordements, c’est tout”, contredisant certains témoignages et notamment celui d’une des employées qui avait affirmé à la police que “la direction permettait tout pourvu que ça rapporte”. “Je savais pas que c’était illégal de toucher les seins et les fesses”, a de son côté déclaré, ingénu, l’un des employés du sex-shop, ajoutant: “aucune des filles ne considérait qu’elle faisait de la prostitution”. Selon les éléments recueillis par les enquêteurs et rappelés par le tribunal, les employées pratiquaient des caresses ou laissaient les clients utiliser des godemichés avec elles. Le tribunal poursuivait jeudi après-midi ses interrogatoires sur ce volet du dossier et ne devrait s’intéresser aux éléments concernant précisément M. Niel qu’au début de la semaine prochaine. Le fondateur d’Iliad a reconnu les faits qui lui étaient reprochés. “J’ai fait une connerie, je serai jugé et condamné”, a-t-il récemment déclaré à la presse, s’abstenant en revanche de tout commentaire jeudi. |
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