Tunisie-Pologne : Horizon peu prometteur

 
 


tunisiepologne180.jpgLe «Point pays» consacré aux relations économiques et
commerciales de la Tunisie avec la Pologne, organisé récemment, s’est
terminée en queue de poisson. En tout cas, sans tracer un programme
d’action pour l’avenir. Et sans que l’on sente un véritable et grand
engouement parmi les rares hommes
d’affaires présents.

En provoquant le «Point pays» consacré aux relations économiques et
commerciales de la Tunisie avec la Pologne, et organisé jeudi 24 août au
Centre de Promotion des Exportations (Cepex), M. Béchir Chebaane,
ambassadeur de Tunisie à Varsovie, voulait que les participants essaient
d’expliquer pourquoi les relations économiques et commerciales entre les
deux pays sont «restées en deçà de nos attentes» et d’en entrevoir les
perspectives. Finalement, les discussions se sont, malheureusement,
concentrées plus sur le premier volet que sur le second. Malgré les efforts
de M. Béchir Chebaane.

L’ambassadeur de Tunisie à Varsovie a ainsi invité les opérateurs tunisiens
à «voir comment nous pouvons tirer profit» de l’appartenance de la Pologne à
l’Union européenne depuis mai 2004 pour «équilibrer un peu et pallier
certaines faiblesses» dans nos échanges avec cet ensemble «grâce à l’autre
partie de l’Europe» ; celle à laquelle appartient la Pologne et les pays
limitrophes.

Le diplomate n’en doute pas un instant : il existe pour la Tunisie avec ces
pays «des perspectives réelles et de grandes potentialités».

Pour développer les échanges tuniso-polonais, d’abord «l’essentiel est
d’établir des traditions, de définir des créneaux et de voir des produits
d’intérêt pour les deux parties pour qu’on ne patauge pas dans des
opérations ponctuelles».

Ensuite, «il faut une certaine agressivité» de la part des entreprises
tunisiennes. Car, explique l’ambassadeur de Tunisie, «l’ambassade peut
orienter mais elle ne peut pas marchander». De même, les entreprises doivent
participer aux grandes manifestations polonaises, «bien que cela coûte
cher», insiste M. Béchir Chebaane, qui suggère également de recruter un
consultant local «pour nous aider à instituer certains réseaux» et de
«réfléchir à l’ouverture d’une représentation du Centre de Promotion des
Exportations en Pologne «d’autant que l’effectif de l’ambassade est limité».

Avant de parler de l’état des échanges entre les deux pays, l’ambassadeur de
Pologne a tenu à exprimer, «après 18 mois en Tunisie», son constat que «pour
une majorité écrasante de Tunisiens, la Pologne est absolument inconnue.
Pour les Tunisiens, la Pologne est associée avec Kasperzack et la Vodka et
est vue comme un petit pays éloigné à la périphérie de l’Europe ; un pays
sombre et froid».

Des impressions que ne partage pas son homologue tunisien. En effet, pour M.
Béchir Chebaane, «l’image de la Pologne en Tunisie est moins négative» et
«les gens, surtout les hommes d’affaires, connaissent» ce pays.

Or, conteste le diplomate, la Pologne «a le même poids que l’Espagne» au
sein de l’Union européenne et un PIB (de 320 milliards de dollars) «égal
à celui des 5 pays d’Afrique du Nord».

Une manière pour l’ambassadeur polonais de dire que «ce grand marché peut
aussi être le vôtre». Certes, il y a un problème de langue, mais on peut
trouver des étudiants ayant fait leurs études en Pologne pour faciliter les
échanges et être, d’après le mot d’un participant, «des éclaireurs pour les
hommes d’affaires tunisiens».

D’ailleurs, le diplomate ne comprend pas «pourquoi les Polonais consomment
l’huile d’olives en la croyant italienne, alors qu’elle est tunisienne».
Mais, avertit l’ambassadeur, «on ne peut pas faire des affaires en Pologne
en procédant par des opérations ponctuelles pour prendre la crème et s’en
aller. Pour faire des affaires, il faut prendre une perspective plus
éloignée», souligne le diplomate. Qui propose aussi de créer une «Maison de
Tunisie» pour faire la promotion des produits tunisiens.

Finalement, la réunion s’est terminée un peu en que de poisson. En tous
les cas, sans «essayer de tracer un programme d’action pour l’avenir», ainsi
que l’a proposé M. Mondher Chebbi, cadre au Cepex. Et sans que l’on sente un
véritable et grand engouement parmi les rares hommes d’affaires présents.