[16/09/2006 07:48:17] NEW YORK (AFP) Les trois constructeurs automobiles américains GM, Ford et Chrysler sont empêtrés dans une crise profonde et les incertitudes demeurent sur leur renouveau face à des rivaux asiatiques toujours aussi performants. Alors que Ford annonçait vendredi un nouveau plan social pour réduire d’un tiers ses effectifs et repoussait à 2009 son objectif de retour à la rentabilité, l’allemand DaimlerChrysler faisait état d’un sévère avertissement sur résultats en raison des difficultés de sa filiale américaine Chrysler. DaimlerChrysler a blâmé “un marché difficile” aux Etats-Unis, énumérant des maux communs aux “Big 3” américains: coûts salariaux (retraites, santé) historiquement très élevés, hausse du prix des carburants et des matières premières, véhicules pas assez adaptés à la demande et guerre des prix menée par les concurrents asiatiques, à la structure de coûts plus légère. Chrysler devrait accuser au troisième trimestre une perte de 1,2 milliard. Ford, selon des documents internes rapportés par le quotidien Detroit News, pourrait accuser une perte de 9 milliards en 2006 en raison de sa restructuration. Le deuxième constructeur américain a déjà perdu 1,2 milliard au premier semestre.
GM, leader mondial du secteur –et qui pourrait perdre ce titre au profit du japonais Toyota dès cette année–, a accusé une perte semestrielle de 2,7 milliards, plombé également par sa restructuration. Les “Big 3” voient leurs parts de marché reculer face aux rivaux étrangers emmenés par le trio de japonais Toyota, Honda et Nissan, faute d’avoir anticipé l’évolution de la demande pour des modèles économes, au détriment des 4×4, fond de commerce des constructeurs américains. Sur les huit premiers mois de l’année, les Big 3 ont atteint le niveau historiquement bas de 54,2% des ventes aux Etats-Unis (58,2% un an plus tôt) tandis que les trois japonais ont raflé 30,3% (contre 27,6%), selon le cabinet Autodata. “Les questions récurrentes sur le marché actuellement sont de savoir si l’industrie automobile américaine n’est pas moribonde et quel peut être son avenir face aux asiatiques”, rapporte une source bancaire. Les solutions mises en place par les Big 3 pour contrer l’avancée des japonais, mais aussi les Coréens, visent à réduire la facture sociale en premier lieu, mais aussi la production. Le patron de GM Rick Wagoner a souligné que l’objectif n’est plus d’être le leader mondial mais d’être un acteur certes plus petit mais avant tout rentable.
Pour le volet social, GM a négocié non sans difficultés avec le syndicat de branche UAW pour réduire prestations retraites et santé. Ford lui a emboîté le pas tandis que Chrysler, qui s’y est pris en dernier, a reconnu début septembre que ces discussions étaient dans l’impasse. GM a aussi lancé avec succès un plan massif de départs volontaires pour accélérer le train des suppressions d’emplois et des fermetures d’usines d’ici 2008: 34.000 employés y ont souscrit, au-delà de l’objectif de 30.000 suppressions du groupe. Ford, qui va désormais supprimer 44.000 emplois, s’est inspiré de GM et vient de proposer aussi un plan de départs volontaires. Parallèlement, les Big 3 réduisent leurs capacités de production, “pour s’aligner sur la demande”, selon Ford, “pour mieux utiliser les usines restantes”, selon GM. Les constructeurs asiatiques ont en effet une longueur d’avance côté productivité: GM et Ford avaient des taux d’utilisation de leurs usines sous les 80% en 2005, Chrysler dépassait les 90%, là où Toyota était à 110% et Honda et Nissan au-dessus de 90%, selon des chiffres de Global Insight. La perspective d’un adossement de GM au franco-japonais Renault-Nissan reste aussi source de scepticisme. “Il y a eu beaucoup d’effervescence après l’annonce en août que les groupes planchaient sur la faisabilité du projet, mais depuis, l’opinion est plutôt que cela n’a pas d’intérêt pour Renault-Nissan, en pleine santé, d’investir dans GM”, indique un observateur du secteur sous couvert de l’anonymat. |
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