[16/09/2006 13:06:37] MILAN (AFP) Guido Rossi, l’homme des missions délicates, débarque à la tête de Telecom Italia avec la lourde tâche d’apaiser les tensions avec le gouvernement et de redonner confiance aux investisseurs, échaudés par des soubresauts nés d’un revirement stratégique brutal. La démission surprise de Marco Tronchetti Provera vendredi soir de la présidence de Telecom Italia a marqué le point culminant d’une semaine d’affrontement verbal avec le chef de gouvernement Romano Prodi, qui s’est plaint de ne pas avoir été informé de la réorganisation de la société. “Ce n’est pas possible de vivre dans un pays où le Président du conseil (Romano Prodi, ndlr) dit une chose et en fait une autre”, a expliqué M. Tronchetti Provera à ses collaborateurs, selon des propos cités par Il Sole 24 Ore. Désireux de “sauvegarder les intérêts de l’entreprise”, M. Tronchetti Provera laisse Telecom Italia au milieu du gué puisque l’opérateur a décidé de séparer sa branche de téléphonie mobile TIM et le dernier maillon de son réseau fixe dans deux sociétés séparées afin de se concentrer sur le haut débit. Guido Rossi, qui mena la privatisation de Telecom Italia en 1997, “a confirmé son intention de mener son mandat dans la continuité de la stratégie et des objectifs déjà définis”, a indiqué le conseil d’administration.
La tâche s’annonce délicate. Romano Prodi avait fait part de sa “surprise” devant ce plan tandis que plusieurs ministres ont dit leur crainte de voir de larges pans d’un des rares fleurons industriels du pays passer dans des mains étrangères. De leur côté, les investisseurs ont été pris à froid par la polémique, le titre reculant depuis le milieu de la semaine en raison notamment de l’intervention incomprise du gouvernement dans une société complètement privatisée. Vendredi, il a perdu 1,43%. La mission de M. Rossi sera explicitement de “gérer les relations institutionnelles” du groupe, à savoir apaiser les tensions et renouer le dialogue avec les investisseurs, tandis que Carlo Buora, actuel coadministrateur délégué, devient vice-président exécutif. Guido Rossi, choisi par M. Prodi en 1997 pour privatiser l’opérateur, n’est cependant pas considéré comme proche du chef du gouvernement mais plutôt de Massimo D’Alema, actuel ministre des Affaires étrangères. Outre les tensions politiques, la direction de Telecom Italia devra faire face aux difficultés dans la mise en oeuvre de sa réorientation stratégique. En décidant de ne plus parier sur le mobile deux ans après avoir proclamé sa volonté de miser sur la convergence entre fixe et mobile, M. Tronchetti Provera a mis sa réputation à mal, soulignait récemment Morgan Stanley. Le président sortant avait aussi entamé des discussions officielles avec Rupert Murdoch pour accéder aux contenus de son groupe de média News Corp. Mais les services de M. Prodi ont révélé, durant la polémique, qu’il disposait d’alternatives stratégiques avec Time Warner et General Electric jusque là tenues secrètes. Ils ont aussi dévoilé que l’opérateur avait l’intention de se séparer de Telecom Brasil pour récolter entre 7 et 9 milliards d’euros. Or ces révélations ont pu perturber la stratégie de Telecom Italia, estime Il Sole 24 Ore. Du point de vue industriel, Telecom Italia affiche des performances opérationnelles satisfaisantes, selon les analystes, mais souffre du poids de la dette de 41,3 milliards d’euros qui l’empêche d’investir massivement. Un fardeau qu’il porte depuis l’OPA lancée en 1999 par un groupe d’hommes d’affaires mené par Roberto Colannino. |
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