G7 : le Japon échappe aux sermons sur le yen faible

 
 
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Le ministre nippon des Finances et président du G7 Finances Sadakazu Tanigaki lors d’une conférence de presse à Singapour, le 16 septembre 2006 (Photo : Roslan Rahman)

[16/09/2006 15:52:49] SINGAPOUR (AFP) Vivement souhaitée par les Européens, la franche discussion sur la faiblesse actuelle du yen a été finalement éclipsée du G7 Finances de Singapour, manifestement sous la pression des Japonais, aidés par le manque d’enthousiasme de Washington à aborder le sujet.

Plusieurs gouvernements européens, notamment l’Allemagne, souhaitaient évoquer samedi le plongeon de la devise nippone, qui a récemment dépassé le plancher historique de 150 yens pour un euro, ce qui favorise considérablement les exportateurs nippons par rapport à ceux des autres pays.

Le phénomène avait commencé en mai dernier. Les économistes l’attribuent à l’absence de perspectives à court terme de relèvement de taux au Japon, où le loyer de l’argent reste extrêmement bas (0,25%) par rapport ceux pratiqués aux Etats-Unis (5,25%) et en l’Europe (3%).

Ce différentiel encourage les investisseurs à emprunter de l’argent au Japon, à le changer en dollars ou en euros et à le placer dans les pays où il rapportera plus. Une pratique connue sous le nom de “carry trade”.

Mais dans le communiqué publié à l’issue de leur réunion de samedi à Singapour, les ministres des Finances du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie, Canada) n’ont pas écrit un mot sur le yen.

Le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ) Toshihiko Fukui “a expliqué, et les autres pays ont accepté, que le yen reflètera la situation de l’économie japonaise”, laquelle “est sortie de la politique de taux d’intérêt zéro” et dont la reprise “repose désormais sur des bases solides”, a tenté de rassurer le ministre nippon, Sadakazu Tanigaki.

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Le président de la Banque Centrale Européenne (BCE) lors de la réunion mensuelle du conseil des gouverneurs, le 8 juin 2006 à Madrid (Photo : Bernardo Rodiguez)

Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a tenu exactement le même discours. L’économie japonaise “est sortie de la politique de taux d’intérêt zéro et sa reprise repose désormais sur une base solide. Nous sommes tombés d’accord pour dire que le yen reflètera cette évolution” un jour ou l’autre, a-t-il prudemment déclaré.

Tokyo était fermement décidé, avant la réunion, à échapper aux sermons sur le yen faible.

A son arrivée à Singapour, le gouverneur de la BoJ avait ainsi proclamé qu’il n’appartenait pas au G7 “de considérer a priori quels devraient être les taux de change” idéaux. Une source européenne a de son côté confirmé que les Japonais étaient réticents à voir le sujet abordé.

“Manifestement, ni le Japon ni les Etats-Unis ne partagent la préoccupation européenne d’un yen qui ne cesse de se déprécier”, expliquait Antoine Brunet, économiste chez HSBC, vendredi dans une note de recherche.

Selon lui, le Japon “entend profiter d’un yen encore plus sous-évalué pour accroître encore son excédent extérieur en volume et protéger la croissance” de son économie.

Quant aux Etats-Unis, ils sont “redevenus anxieux” au sujet de leur inflation et veulent éviter un nouveau resserrement monétaire.

Dans ce contexte, ajoutait M. Brunet, le nouveau secrétaire américain au Trésor Henry Paulson “préfère, par un retour momentané à +une communication dollar fort+, reporter à plus tard un ajustement à la baisse du dollar qui serait inopportunément porteur de croissance accrue et d’inflation accrue”.

 16/09/2006 15:52:49 – © 2006 AFP