Le FMI lance sa plus grande réforme en 60 ans d’existence

 
 
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Le Comité monétaire et financier international (CMFI), réuni le 17 septembre 2006 à Singapour (Photo : Stephen Jaffe)

[17/09/2006 10:15:36] SINGAPOUR (AFP) L’instance dirigeante du Fonds monétaire international a donné dimanche son feu vert à la plus importante réforme de l’institution en 60 ans afin de donner un peu plus de poids en son sein aux économies émergentes et préserver sa légitimité.

Toutefois ce projet est encore jugé très insuffisant par certains des intéressés.

“Cela constituera la plus importante réforme du FMI en 60 ans”, a affirmé le président du Comité monétaire et financier international (CMFI), le ministre britannique des Finances, Gordon Brown, à l’issue de la réunion de ses 24 membres à Singapour.

Le projet de réforme, qui doit encore être formellement approuvé par les 184 gouverneurs du FMI réunis mardi en assemblée annuelle, doit se dérouler en deux temps.

D’abord la Chine, la Corée du Sud, la Turquie et le Mexique vont voir leurs droits de vote au sein du FMI (quote-part), et donc leur influence dans les prises de décision, légèrement relevés.

Il s’agit de mieux refléter leur essor économique au cours des dernières décennies. Cependant cette hausse partielle va rester symbolique, à peine 1,8% du total des voix.

La deuxième phase du projet de réforme, qui doit être bouclée d’ici l’automne 2008, a soulevé maintes critiques. Mais selon le directeur général du FMI, Rodrigo Rato, “tous les membres (du CMFI) ont apporté un large soutien” à sa proposition.

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Le directeur général du FMI, Rodrigo Rato, le 17 septembre 2006 à Singapour (Photo : Roslan Rahman)

Il invite à revoir la formule de calcul des droits de vote avant une deuxième vague de redistribution. Les anciens membres du FMI tiennent à leur rang alors que les pays émergents réclament plus de voix au chapitre.

Un seul point a fait l’unanimité: la nouvelle formule devra être plus simple et beaucoup plus transparente et surtout refléter véritablement les poids économiques de tous les pays membres. Mais les avis divergent sur les critères à retenir pour le calcul.

Les Etats-Unis veulent mettre l’accent sur le Produit Intérieur Brut (PIB), les Européens insistent sur l’ouverture des marchés, le Japon ne veut pas donner plus de poids aux pays ayant engrangé des réserves importantes de change, comme la Chine voisine.

“Le FMI a besoin d’une nouvelle formule simplifiée pour les quote-parts dans laquelle le PIB sera la variable dominante”, a demandé le secrétaire au Trésor américain Henry Paulson.

Du côté des pays intéressés en premier lieu par la redistribution, l’Inde, l’Argentine, le Brésil et l’Egypte sont montés au créneau ce week-end.

Ils craignent que l’on octroie des voix supplémentaires à certains pays en développement en prenant à d’autres “tout aussi méritant qu’eux”.

“Si l’on mesure l’ouverture des pays de l’Union européenne à l’aune de leur commerce intra-européen, il est hautement probable que la nouvelle formule révisée donnera lieu à une représentation encore plus biaisée des économies émergentes au sein du FMI”, a averti un responsable argentin.

L’ensemble de l’Amérique du Sud est contre le projet, selon le ministre brésilien de l’Economie Guido Mantega. Mais en pourcentage de voix ils ne font pas le poids.

“L’approbation d’une réforme avec autant de pays opposés causerait une crise de représentativité du FMI”, a-t-il averti.

Autre débat soulevé par les nouvelles puissances économiques : celui d’une représentation unique pour l’Union européenne ou du moins pour les 12 pays de la zone euro.

Additionnées, les voix des 25 de l’UE représentent près de 32%, contre 4,4% pour 43 pays africains par exemple.

“L’Union européenne et les Etats-Unis, lorsqu’il s’agit de renoncer à des droits (au sein du FMI) se comportent comme des gamins sur un terrain de jeu: aucun n’est prêt à lâcher ses jouets”, a accusé l’ONG ActionAid.

 17/09/2006 10:15:36 – © 2006 AFP