[17/09/2006 07:55:35] DETROIT (AFP) Les nouvelles mesures de restructuration de Ford annoncées vendredi ont été accueillies avec scepticisme par les analystes comme le marché, l’action du groupe chutant fortement en Bourse. Ford a fini vendredi soir à la Bourse de New York en baisse de 11,77% à 8,02 dollars. La décision du deuxième constructeur automobile américain de ne plus verser de dividendes à ses actionnaires à compter du 4e trimestre a certainement pesé lourd mais les analystes ont également jugé les nouvelles mesures insuffisantes. Au total, Ford prévoit désormais de fermer 16 usines et de supprimer un tiers de ses effectifs en Amérique du nord, dont 14.000 emplois de cadres et 30.000 chez les ouvriers. Un plan de départs volontaires ou à la retraite anticipée est également offert aux 75.000 employés syndiqués du groupe. Pour tenter d’enrayer la longue érosion de ses parts de marchés aux Etats-Unis, Ford s’est aussi engagé à présenter cinq nouveaux modèles et modifier 70% de sa gamme d’ici 2007. Mais les analystes du secteur estiment que cela ne suffira pas pour empêcher la part du marché du constructeur, fondé en 1903, de passer de 17% actuellement à moins de 15%, offrant la chance au japonais Toyota de lui ravir la deuxième place sur le marché américain. “Notre classement n’a pas d’importance”, a tenté de relativiser vendredi Bill Ford, le président du Conseil d’administration qui vient de passer les rênes de la gestion au jour le jour du groupe à Bill Mullaly, un transfuge de chez Boeing. “On a vu des groupes tenter de gagner des parts de marché avec des résultats désastreux, je pense que nos employés veulent avant tout voir un plan réaliste”, a-t-il ajouté. La décision de Ford de réduire sa taille pour améliorer sa rentabilité est logique, a estimé Robert Barry, analyste chez Goldman Sachs dans une note. “Mais sans une progression rapide du chiffre d’affaires, des réductions de coûts qui pourraient s’avérer insuffisantes, des pressions continues sur les prix, une tendance du marché à s’orienter vers des voitures offrant des marges bénéficiaires moins importantes, sans parler d’un environnement macroéconomique qui pourrait faire dérailler l’ensemble du plan, nous sommes sceptiques sur ce que Ford va devenir”, prévient-il. Ford pourrait perdre jusqu’à 9 milliards de dollars cette année, selon certaines sources après avoir déjà enregistré une perte de 1,4 milliard au premier semestre. “Nous espérions que Ford décide de fermer plus d’usines et améliore l’efficacité des autres, annonce la vente de plusieurs marques, comme Lincoln, Mercury, Jaguar et Land Rover”, a indiqué Ron Tadross, analyste pour Bank of America. Il juge le plan “insuffisant sur le front des réductions des capacités de production et manquant d’initiatives drastiques pour redresser la situation”. D’autres sont un peu plus optimistes comme Alan Baum, analyste pour la firme Planning Edge à Southfield (Michigan, nord). “Le développement de nouveaux produits est plutôt réussi. Je pense que Ford comprend ce qu’il faut faire. Les nouveaux modèles sont très différents de ceux qu’ils remplacent, ce qui n’est pas le cas chez GM”, estime-t-il. General Motors, le premier constructeur américain et mondial, traverse également une grave crise. Selon Sean McAlinden, expert au Center for Automotive Research à Ann Arbor, également dans l’Etat du Michigan qui abrite la plupart des usines des groupes automobiles américains, Ford a pris du retard dans le développement de moteurs et de transmissions plus efficaces. Certaines décisions se sont révélées particulièrement malheureuses: la réduction du budget publicitaire pour trois de ses modèles les plus récents a entraîné une baisse des ventes et contraint le constructeur a réduire leur production, a récemment reconnu George Pipas, chargé de l’analyse des ventes chez Ford. |
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