[17/09/2006 10:16:59] SINGAPOUR (AFP) Assoiffées de matières premières, la Chine et l’Inde multiplient agressivement leurs investissements en Afrique, et bouleversent les liens unissant traditionnellement le continent noir aux pays développés, selon un rapport de la Banque mondiale dimanche. De quoi créer d’excellentes occasions de développement pour ce continent défavorisé, souligne ce rapport, intitulé “La Route de la soie africaine: nouvelle frontière économique pour la Chine et l’Inde”. L’Asie reçoit désormais 27% des exportations africaines, contre seulement 14% en 2000. Au cours de la même période, les exportations asiatiques vers l’Afrique ont bondi de 18%. Alors que le commerce entre l’Afrique et l’Europe a diminué de moitié. Les investissements directs asiatiques en Afrique, dans leur grande majorité chinois et indiens, restent modestes (seulement 175 millions de dollars pour les investissements chinois, selon les chiffres de Pékin) mais augmentent “à un rythme très rapide”, assure le document. Le pétrole, les métaux et les autres matières premières constituent encore 86% des exportations africaines vers la Chine et l’Inde, toujours avides d’alimenter en énergie leurs formidables croissances économiques. “Mais des investissements chinois et indiens significatifs ont été effectués sur le continent” dans plusieurs secteurs comme l’habillement ou les transports, relève aussi le rapport. Cette tendance nouvelle “offre à l’Afrique sub-saharienne, où vivent 300 millions d’habitants parmi les plus pauvres du monde, une grande et rare occasion d’améliorer son intégration internationale et sa croissance”, a affirmé l’auteur du document, Harry Broadman, lors d’un point de presse. “En plus, l’arrivée de nouvelles entreprises chinoises et indiennes stimule la concurrence intérieure en Afrique. C’est un bienfait très important”, a-t-il commenté à Singapour, en marge d’une réunion de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Le rapport juge que les percées de la Chine et de l’Inde constituent “une rupture majeure avec les relations économiques de longue date entre l’Afrique et le Nord”, estime le rapport. Ces dernières années, Pékin a multiplié les initiatives diplomatiques en Afrique. Le président Hu Jintao a effectué deux tournées d’affilée sur le continent noir, en 2004 et 2005. Quant à l’Inde, elle entretient de longue date des relations commerciales avec l’Afrique de l’Est, où vivent d’importantes communautés indiennes expatriées. “Je vois cela comme une chance pour les pays africains. Ils regardaient traditionnellement à l’ouest, et maintenant ils regardent à l’est”, a commenté à Singapour le ministre des Finances kenyan, Amos Kimunya. La percée économique chinoise en Afrique s’accompagne d’une multiplication des prêts accordés par Pékin aux différents Etats du continent. Un phénomène qui inquiète les pays occidentaux, lesquels craignent que l’Afrique ne recommence à s’endetter lourdement, alors même qu’une grande partie de sa dette a été annulée l’an dernier par les principales institutions internationales. Mais “comme la simple annulation de la dette ne peut pas maintenir la croissance, il est clair que les financements provenant de Chine sont les bienvenus pour les pays pauvres. D’autant plus que ce financement est jugé beaucoup plus souple, flexible, avec moins de conditionnalités”, explique le ministre sénégalais des Finances, Abdoulaye Diop. L’absence de conditions politiques aux prêts (les pays débiteurs doivent seulement s’engager à ne pas reconnaître Taïwan) fait également craindre aux pays occidentaux que ces sommes ne servent à encourager les régimes autoritaires et les pratiques antidémocratiques en Afrique. |
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