[17/09/2006 12:17:35] BRUXELLES (AFP) Face aux inquiétudes que suscite la mondialisation, la Commission européenne estime nécessaire une approche plus “dure” dans l’ouverture des marchés extérieurs pour garantir un traitement équitable aux exportateurs de l’Union européenne (UE). Ce durcissement de la stratégie d’accès au marché, lancée en 1996, est un élément-clef de la communication sur la compétitivité externe de l’UE, que la Commission doit adopter le 4 octobre prochain, sur proposition du commissaire au Commerce Peter Mandelson. Dans les notes préparatoires vues par l’AFP, la Commission estime que la stratégie actuelle “n’a pas été à la hauteur des ambitions” pour obtenir que les partenaires de l’UE à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) “respectent leurs obligations” en matière d’ouverture commerciale, d’accueil des investissements ou de protection de la propriété intellectuelle. “Nous pouvons et nous devons être impitoyables sur l’amélioration de ces conditions”, indique Bruxelles, ajoutant qu’il ne s’agit cependant pas “d’ouvrir les marchés de force”. La nouvelle stratégie, à partir de 2007, devra “s’assurer que les règles sont respectées et les obligations de fournir des conditions commerciales équitables sont remplies”. Dans ce but, la Commission devra faire le meilleur usage des outils à sa disposition, notamment les “instruments de défense commerciale” (règles anti-dumping) et la négociation d’une “nouvelle génération d’accords de libre-échange” (ALE). Malgré l’enlisement du cycle de Doha, la Commission réaffirme par principe que “l’OMC reste la plate-forme essentielle pour garantir la reconnaissance des intérêts européens dans le système commercial global”. Les futurs ALE, explique-t-elle, “doivent cibler nos partenaires-clefs” et apporter la “pleine capacité” de faire tomber “les barrières non-tarifaires”, devenues les principaux obstacles aux échanges dans un contexte de désarmement tarifaire imposé par l’OMC. La Commission, rappelle-t-on, souhaite ainsi obtenir des 25 d’ici à la fin de l’année des mandats de négociations d’ALE avec la Corée du Sud et l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (Asean). En Amérique latine, on peut anticiper une relance des négociations avec les pays du Mercosur, ceux d’Amérique centrale et demain de la zone andine. Un champ d’action prioritaire visera “l’ouverture des marchés publics”, qui représentent, selon Bruxelles, “un énorme potentiel non-exploité pour les exportateurs européens” alors que les grandes entreprises de l’UE y excellent. La Commission note que les marchés publics, aujourd’hui exclus des disciplines de l’OMC, pèsent “10 à 25% du PIB des pays partenaires”. Mais, alors qu’elle est elle-même très ouverte, l’UE “se trouve constamment en difficulté pour obtenir des engagements réciproques de ses partenaires”. Exemple récent, observé de près à Bruxelles: le constructeur canadien de matériel ferroviaire Bombardier a été retenu sans appel d’offre au Québec, au détriment de l’Européen Alstom, mais pourrait remporter prochainement une compétition, ouverte celle-là, organisée par la SNCF en région parisienne. Pour Peter Mandelson, investi selon un proche d’une fonction de “commissaire à la mondialisation”, l’enjeu de la compétitivité externe de l’UE n’est pas seulement économique mais aussi politique et sociale. En ouvrant les marchés extérieurs, il s’agit de repousser les tentations de fermeture de certains en Europe. “C’est pourquoi gagner politiquement contre le protectionnisme national est si important”, indique une note. La communication doit donc “identifier les opportunités et les risques de la mondialisation” afin d’en “tirer le maximum de bénéfices pour nos citoyens des changements globaux”. Au sein de l’UE, cela veut dire prendre soin, socialement, des victimes “de l’ajustement structurel inhérent à l’ouverture commerciale” mais aussi “garantir que les effets positifs bénéficient à tous les consommateurs et ne sont pas capturés par des intérêts particuliers”. |
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