GDF/Suez : la course d’obstacles continue pour le gouvernement

 
 
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Le ministre de l’Economie Thierry Breton s’exprime lors des débats sur le projet de privatisation de GDF, le 18 septembre 2006 à l’Assemblée nationale à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[18/09/2006 18:02:21] PARIS (AFP) La course d’obstacles a continué lundi à l’Assemblée au 8e jour de débat sur le texte de privatisation de GDF, le gouvernement faisant face à de nouvelles divisions à l’UMP, malgré le soutien affiché par Jacques Chirac, alors qu’actionnaires de Suez et syndicats se mobilisent.

Lundi matin, le président de la République, resté silencieux depuis juin sur le sujet, a apporté son soutien clair au projet de loi et à la fusion avec Suez, “un bon projet, conforme à nos intérêts”. Et d’ajouter qu’il n’en voyait “pas d’autre”.

Ce soutien présidentiel intervient alors que le bien fondé de la fusion est de nouveau contesté au sein de la majorité. Dimanche, une dizaine de députés UMP, sarkozystes et souverainistes, et UDF ont relancé la valse des projets alternatifs qui avait culminé fin juillet à l’Assemblée, en proposant de marier GDF avec EDF pour créer une entité “Energie de France”.

En outre, des actionnaires de Suez restent très mobilisés, et en premier lieu, un actionnaire minoritaire, le fonds d’investissement américain Knight Vinke, qui a lui aussi proposé la semaine dernière un autre scénario diminuant la part de l’Etat dans GDF à 54% (contre 80% actuellement), après la cession, par attribution d’actions, des activités environnement et services de Suez dans une nouvelle société cotée.

Dans la matinée, M. Knight, qui entend rallier 20% des actionnaires du groupe, est remonté au créneau pour affirmer que les actionnaires de Suez voteront “contre” le projet de fusion avec GDF si les conditions financières de l’opération ne sont pas révisées.

Le ministre de l’Economie, Thierry Breton, a répliqué l’après-midi dans l’hémicycle du Palais-Bourbon en affirmant que les “actionnaires de Suez qui s’expriment ici où là” étaient “à contre-temps”.

“Après le temps du Parlement viendra le temps des actionnaires, viendra le temps des projets, viendra le temps des assemblées générales (…). Le Parlement n’est pas là pour débattre de l’intérêt de telle ou telle catégorie d’actionnaires”, a-t-il ajouté, en tentant de recentrer le débat sur la privatisation de GDF.

Sur le front syndical, les quatre syndicats opposés à la fusion GDF-Suez (CGT, CFE-CGC, FO et CFTC) ont demandé lundi à Jacques Chirac de “préserver le rôle de la puissance publique” dans le secteur “stratégique” de l’énergie et “de refuser la privatisation de Gaz de France”.

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Des employées d’EDF-GDF manifestent à Paris, le 12 septembre 2006 (Photo : Fred Dufour)

Autre difficulté pour le gouvernement: le chevauchement des calendriers, car au moment où les débats continuent à s’enliser à l’Assemblée, les deux entreprises GDF et Suez doivent remettre mercredi à la Commission européenne leurs “remèdes” pour éviter que la nouvelle entité fusionnée ne porte atteinte à la concurrence.

Cette étape devrait susciter de nouvelles réactions, d’autant que les députés de l’opposition se sont déjà emparés avec force de la procédure entamée par Bruxelles en refusant de débattre sans avoir eu connaissance de la lettre de griefs, qui liste les problèmes de concurrence soulevés par la Commission européenne à propos du projet.

Même si lundi, le président de la commission des Affaires économiques à l’Assemblée, Patrick Ollier (UMP), se disait “résolument optimiste” en prévoyant une adoption sans recours au 49.3 (adoption sans vote) “entre le 22 et le 29 septembre”, les débats tournaient toujours au ralenti lundi, avec 18 amendements examinés en deux heures et demie sur les 93.933 restant encore en discussion à l’ouverture de la séance.

 18/09/2006 18:02:21 – © 2006 AFP