Les vins de la vallée du Rhône entrevoient la sortie de crise

 
 
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Vue d’un verre de vin, en avril 2004 à Savigny-lès-Beaune (Photo : Fred Dufour)

[18/09/2006 11:03:45] AVIGNON (AFP) De Châteauneuf-du-Pape à Rasteau, en passant par Tavel et Gigondas où les vendanges se poursuivent, les vins de la vallée du Rhône, dopés par des marchés étrangers en forte progression et portés par les crus célèbres, entrevoient la sortie de crise mais restent fragiles.

Si en décembre 2004, plusieurs milliers de viticulteurs manifestaient dans les rues d’Avignon pour réclamer des aides, “nous pouvons parler cette année d’une embellie même si elle est relative”, assure Michel Bernard, président d’Inter Rhône, l’interprofession basée à Avignon qui réunit 8.000 vignerons.

Sur les six premiers mois de 2006, les exportations de vins de la vallée du Rhône ont progressé “de 20% en valeur, et jusqu’à 36% aux Etats-Unis par rapport à la même période de 2005, soit la plus forte hausse des vins français, derrière les Bordeaux”, précise M. Bernard, lui-même viticulteur et négociant.

“Sur les 12 derniers mois, nos ventes en grande distribution, indicateur important, ont progressé en volume de 1,2% alors que l’ensemble des vins français est en recul”, ajoute Jérôme Villaret, directeur du service économique d’Inter Rhône.

Principaux bénéficiaires de cette reprise, les crus (Châteauneuf-du-Pape, Vacqueyras…) et les hauts de gamme, “mais nous disposons également d’indicateurs positifs sur les entrées de gamme”, précise M. Villaret.

Pour M. Bernard, si les vins de la Vallée du Rhône “regagnent des parts de marché”, c’est “d’abord parce que nous avons poursuivi un gros effort de promotion mondiale” : chaque année 7,5 millions d’euros permettent de toucher acheteurs et négociants sur les principaux marchés – Royaume-Uni (24,3% des exportations), Etats-Unis (17,3%) et Benelux (12,4%).

L’autre explication, selon M. Bernard, est “le retour à l’équilibre à l’étranger où après une période d’engouement pour les vins du nouveau monde, les consommateurs reviennent vers des valeurs sûres et plus traditionnelles”.

Mais si la région profite aussi d’une politique de “maîtrise de l’offre”, “la crise n’est pas encore dissipée chez beaucoup de viticulteurs car les prix du marché ne permettent pas une rentabilité parfaite des exploitations”, tempère M. Bernard. “Il faut toujours cinq à six mois pour que les producteurs voient la couleur de ces bons résultats”, ajoute M. Villaret pour qui “les trésoreries de certaines entreprises sont exsangues”.

Conclusion: si les Côtes-du-Rhône comme le Bordeaux se portent plutôt mieux que les autres vins français, “il faut rester vigilant” car l’embellie permettra “seulement de récupérer les pertes de parts de marché. D’ici à la fin 2006, on aura ainsi retrouvé les parts de 2002/2003, juste avant la crise”, prévoit M. Villaret.

Réparti sur 250 communes entre Vienne et Nîmes, le vignoble de la vallée du Rhône, qui produit essentiellement du rouge (88%), est l’un des plus grands et diversifiés de France. Sur les 80.000 ha, 53% sont consacrés à l’appellation régionale Côtes du Rhône, 15% aux crus des Côtes du Rhône (Lirac, Tavel, Beaumes de Venise, Vacqueyras, Gigondas, Châteauneuf-du-Pape, Crozes-Hermitage, Côte-Rôtie…), 10% aux Côtes du Rhône Village et 22% aux appellations de la Nouvelle école (Costières de Nîmes, Côtes du Ventoux…) et aux appellations Diois et Côtes du Vivarais.

 18/09/2006 11:03:45 – © 2006 AFP