[18/09/2006 15:52:09] WASHINGTON (AFP) Le déficit des comptes courants des Etats-Unis, mesure la plus large des flux d’échanges du pays, s’est encore creusé au 2ème trimestre à 218,4 milliards de dollars contre 213,2 milliards au 1er trimestre, mais sans que cela inquiète davantage les autorités américaines. Exprimé en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), le déficit des paiements courants atteint 6,6% soit le même taux qu’au premier trimestre, a précisé le département du Commerce en publiant ces chiffres lundi. Ce déficit traduit toutefois la dépendance de l’économie américaine vis-à-vis de la volonté des investisseurs étrangers de continuer à la financer. “Les effets cumulés de cet endettement sont effrayants”, a affirmé Peter Morici, professeur d’économie à l’Université du Maryland. “La dette totale extérieure dépasse maintenant 5.000 milliards de dollars et devrait dépasser 6.000 milliards à la fin 2006. Cela représente environ 20.000 dollars par Américain et avec un intérêt à 5%, 1.000 dollars par personne”, ajoute-t-il. L’une des raisons de ce déficit est que les Etats-Unis “ont une croissance bien supérieure à celle de l’Europe et du Japon” et donc importent beaucoup de produits et de capitaux, a toutefois estimé le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson juste avant la publication des chiffres. Il s’exprimait à l’issue de la réunion des ministres des Finances du G7, qui s’est tenue à Singapour. Sur le premier semestre, le déficit des comptes courants s’élève à 431,6 milliards de dollars, en hausse de 12,1% sur le déficit enregistré sur les six premiers mois de 2005. Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment mis en garde sur les risques que font courir l’ampleur des déficits américains à la stabilité de l’économie mondiale. Le déficit de la balance des paiements courants enregistré au 2ème trimestre “est le deuxième plus important” jamais subi par les Etats-Unis, a souligné la banque Wachovia dans une note lundi. “Mais compte tenu du fait que la grande majorité des informations étaient déjà connues des investisseurs sous la forme des statistiques mensuelles publiées précédemment, les chiffres des comptes courants ont peu d’impact sur le marché des devises et cela n’a pas fait exception aujourd’hui”, souligne-t-on de même source. Le dollar s’affichait lundi vers 15h30 GMT à 1,2673 euro pour 1,2664 vendredi soir. Jay Bryson, chef-économiste chez Wachovia, estime toutefois que les chiffres publiés lundi “contiennent des indications sur la direction dans laquelle le dollar pourrait aller”. “Alors que les différentiels de taux d’intérêt entre les Etats-Unis et le reste du monde continuent de se réduire, nous estimons que les achats nets de titres américains par les étrangers vont continuer de diminuer”, estime-t-il. D’autres chiffres publiés lundi semblent lui donner raison: l’excédent de la balance des capitaux américaine s’est considérablement réduit en juillet à 32,9 milliards de dollars contre 75,1 milliards de juin. Les investisseurs étrangers n’ont acheté en juillet que pour 54,5 milliards de dollars de titres américains contre 84,7 milliards en juin. Si cette tendance se confirmait, cela pourrait mettre le billet vert davantage sous pression, même si Henry Paulson a réaffirmé lundi qu’un dollar fort était “dans l’intérêt” de l’économie américaine. “Nous allons surveiller de très près l’évolution prochaine de la balance des capitaux car une poursuite de la dégradation de ce côté pourrait impliquer des risques de baisse pour le dollar et des pressions à la hausse sur les taux d’intérêt”, souligne pour sa part Julie Leibowitch, économiste pour les Etats-Unis à la banque Ixis-CIB. |
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