[18/09/2006 15:00:37] FRANCFORT (AFP) Les sociétés de biocarburants se bousculent aux portes de la Bourse de Francfort, soucieuses de financer leur développement sur un marché qui n’a jamais semblé aussi porteur, sur fond de pétrole cher et de volonté de protéger l’environnement. Lundi, le premier sucrier mondial, l’allemand Südzucker, a annoncé la mise sur le marché le 29 septembre de sa filiale de bioéthanol CropEnergies. L’opération doit permettre de lever au moins 200 millions d’euros. L’autrichien BioDiesel International (BDI) prévoit sa première cotation à Francfort le 25 septembre, une opération comprise entre 76,2 à 89,1 millions d’euros. Le producteur de biodiesel et de bioéthanol est-allemand Verbio veut se lancer sur le marché en octobre. EOP Biodiesel et Biopetrol Industries avaient ouvert la voie l’an passé, suivis au printemps de Schmack Biogas. Tous avaient le même objectif: financer leur développement international. Südzucker, confronté à un ralentissement de son activité traditionnelle, s’est diversifié en investissant 200 millions d’euros dans l’usine de production d’éthanol de Zeitz en ex-RDA, aujourd’hui la plus grosse d’Europe. Il prévoit 500 millions supplémentaires d’ici 2010, pour agrandir ou construire des sites en France ou en Belgique notamment. “D’ici 2015 dans l’Union européenne, on aura besoin d’environ 10 millions de mètres cubes de bioéthanol par an. Südzucker en produira 10%”, estime le porte-parole du groupe, Rainer Düll. Le sucrier vise ainsi la première place européenne, occupée pour l’instant par l’espagnol Abengoa. Le concurrent Nordzucker parle aussi d’investir 70 millions d’euros dans une unité de production d’éthanol de 130.000 mètres cubes, qui démarrerait en octobre 2007. Pourquoi cet engouement? Südzucker fait état de “perspectives exceptionnelles du marché du bioéthanol, en particulier en Europe”. Le secteur automobile est aujourd’hui le principal débouché pour le bioéthanol, produit à partir du sucre ou d’autres produits agricoles comme le maïs, et mélangé au super-carburant. Le biodiesel, tiré d’huiles végétales comme le colza, se mélange lui au diesel. La demande grimpe, soutenue par des volontés politiques de réduire la dépendance au pétrole et de protéger l’environnement. Le président américain George Bush a prôné en début d’année l’essor de l’éthanol pour réduire les importations de pétrole en provenance du Moyen-Orient. La Commission européenne veut intégrer en 2010 les biocarburants à hauteur de 5,75% dans l’essence, contre seulement 1,4% l’an passé. “Avec une telle obligation de mélange (du bioéthanol ou du biodiesel aux carburants pétroliers), les débouchés sont assurés”, se félicite Rainer Düll chez Südzucker.
Les acteurs du secteur, souvent de taille modeste, affichent des taux de croissance qui font rêver: BDI et ses 80 salariés ont presque triplé leur chiffre d’affaires l’an passé, à 14,6 millions d’euros. La banque LRP s’attend à ce que CropEnergies multiplie le sien par 10 à 650 millions en 2010. Les performances boursières sont moins impressionnantes. En un an, l’action EOP Biodiesel a pris 3%. Car les biocarburants restent un secteur à risque, à la merci d’une flambée du cours des matières premières agricoles ou d’une baisse de ceux du pétrole, et dépendant énormément du contexte politique. “Aujourd’hui, on vit beaucoup des exonérations d’impôts”, reconnaît M. Düll. Il est en revanche optimiste concernant de possibles surcapacités: “la production en Europe va tout juste couvrir les besoins”, et importer de producteurs plus éloignés comme le Brésil reste pour l’instant trop coûteux, assure-t-il. |
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