FMI et Banque mondiale mettent en garde contre un retournement économique

 
 
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Le directeur général du FMI, Rodrigo Rato, le 18 septembre 2006 à Singapour (Photo : Tengku Bahar)

[19/09/2006 12:53:53] SINGAPOUR (AFP) Le monde goûte actuellement une période de quasi-euphorie économique, mais les crises reviendront tôt ou tard et le meilleur bouclier serait la mise en oeuvre du cycle de libéralisation commerciale de Doha, ont mis en garde mardi le FMI et la Banque mondiale.

Avec un taux de croissance de quelque 5% depuis quatre ans, qui devrait poursuivre sur cette voie en 2007, la planète peut savourer une ère de “forte croissance et d’inflation contenue telle qu’on n’en avait pas vue depuis les années 60”, s’est félicité le directeur général du FMI, Rodrigo Rato.

Mais elle ne doit pas s’endormir sur ses lauriers, alors que le cycle de croissance de l’économie mondiale pourrait justement “être en train de tourner”, a-t-il averti dans son discours d’ouverture de l’assemblée annuelle des deux institutions à Singapour.

L’Espagnol a relevé que la dernière réunion de ce type sur le continent asiatique avait eu lieu en 1997, au moment précis où “une crise économique se profilait dans la région”, laquelle s’était finalement soldée par “des pertes immenses pour les économies et les populations”.

Certes, le continent en est finalement sorti “plus fort” grâce aux réformes qu’il s’est prescrites avec l’aide du Fonds, et l’Asies’est aujourd’hui métamorphosée en “région la plus dynamique du monde”, a-t-il observé.

Mais pour François Bourguignon, chef économiste de la Banque mondiale, “il est sain de se rappeler à quelle vitesse les conditions peuvent changer pour les marchés émergents”.

A en croire M. Rato, “la porte vers un nouveau cycle de croissance est ouverte”, à condition toutefois que le monde retrouve sa foi envers le multilatéralisme, mise à mal ces derniers temps.

Plus concrètement, cela signifie que les gouvernements doivent à tout prix sauver les négociations de Doha à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en panne depuis des mois.

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Le directeur général du FMI, Rodrigo Rato, fait un discours à Singapour, le 19 septembre 2006 (Photo : Stephen Jaffe)

“La suspension des négociations du cycle de Doha est très décevante et nuisible. Cela repousse un accord qui accroîtrait la prospérité et soutiendrait la croissance dans le monde entier, cela alimente une inclination de plus en plus forte au bilatéralisme dans le meilleur des cas, au protectionnisme dans le pire des cas”, a-t-il déploré.

“En matière de commerce, le monde va soit avancer vers plus de croissance et de meilleures opportunités, soit aller à reculons vers un nationalisme étroit. Nous ne devons pas nous bercer d’illusions en pensant qu’il existe une zone intermédiaire confortable”, a-t-il ajouté.

Pire, s’il devait effectivement céder aux sirènes du protectionnisme, le monde se retrouverait encore plus vulnérable aux deux autres principaux risques économiques identifiés par le FMI, c’est-à-dire l’inflation (et son cortège de hausses de taux d’intérêt) et surtout le risque de crise financière en cas de dénouement brutal des gigantesques déséquilibres entre continents.

Le président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, a abondé dans son sens, appelant au “compromis” de la part de chacun, et citant nommément les Américains, les Européens et les pays en développement.

Les négociations à l’OMC sur la libéralisation des échanges avaient été gelées en juillet en raison notamment d’un différend sur les aides et droits de douane agricoles aux Etats-Unis et en Europe.

Le processus n’est cependant pas entièrement interrompu, et les responsables s’activent pour ranimer le Cycle de Doha. Le Groupe de Cairns, qui rassemble certains des plus grands exportateurs de produits agricoles mondiaux, se réunit à cet effet mercredi en Australie, avec des représentants américains et européens.

 19/09/2006 12:53:53 – © 2006 AFP