[19/09/2006 17:01:06] PARIS (AFP) Le gouvernement français a défendu mardi le leadership franco-allemand au sein d’EADS, face à l’ambition de la Russie sur les décisions stratégiques du groupe européen d’aéronautique et de défense, dont elle vient de s’offrir 5% du capital. “Il y a un pacte d’actionnaires, il n’est pas remis en cause, les choses sont claires”, a déclaré le ministre de l’Economie Thierry Breton sur la radio BFM, en réaction à la montée au capital d’EADS de la banque publique russe Vnechtorgbank, à hauteur de 5,02%. “EADS a rappelé qu’il existait un pacte d’actionnaires extrêmement solide et que rien ne pourrait remettre en cause un pacte d’actionnaires basé sur un projet industriel”, a ajouté M. Breton, alors que Moscou ne cache plus son intention de prendre un poids supplémentaire dans le capital d’EADS en s’emparant à terme d’une “minorité de blocage”. Avant M. Breton, le ministre allemand délégué aux Affaires étrangères Gernot Erler avait souligné mercredi qu’EADS veillerait à ce que la Russie reste “un actionnaire minoritaire”. Bercy prend ainsi le relais des co-présidents français et allemand du conseil d’adminitration du groupe, qui avaient douché la semaine passé les ambitions des Russes de peser sur la gouvernance d’EADS, actuellement entre les mains de l’allemand DaimlerChrysler (22,3%), du holding français Sogeade (qui représente l’Etat français, actionnaire à 15%, et le groupe Lagardère, qui détient 15%) et du holding public espagnol Sepi (5,4%). La montée au créneau d’un membre du gouvernement français — la première réaction officielle de Paris depuis la montée russe au capital d’EADS — intervient à quelques jours de la rencontre prévue les 22 et 23 septembre entre le président français Jacques Chirac, la chancelière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine. EADS devrait logiquement occuper une partie des discussions, alors que, selon la presse russe, le Kremlin compte négocier un accord politique pour entrer au conseil d’administration. Ses chances d’aboutir paraissent minces, tant Paris et Berlin semblent faire front commun contre les velléités russes sur un groupe aux actifs aussi stratégiques, notamment dans les lanceurs et les missiles balistiques. De fait, “il paraît peu probable que les gouvernements allemand et français acceptent de consentir à la Russie une degré de contrôle sur EADS, pour des questions politiques et de défense”, estime la Deutsche Bank dans une note d’analyse. Mais le Kremlin, déterminé à faire renaître de ses cendres l’industrie aéronautique russe, a des moyens de pression pour parvenir à ses fins. Alors qu’Airbus et Boeing se battent pour le renouvellement de la vieillissante flotte russe, Alexandre Lebedev, l’un des plus importants actionnaires de la première compagnie aérienne nationale Aeroflot, a annoncé mardi la signature d’un accord préliminaire pour l’achat de 22 Boeing-787. Une annonce non confirmée par Aeroflot, mais qui prend des allures d’avertissement pour EADS, la maison-mère de l’avionneur européen, alors qu’Airbus espère décrocher tout ou partie de cette commande avec son nouveau long-courrier A350. Au-delà des intérêts commerciaux pour l’aéronautique européenne, Moscou peut également faire valoir sa puissance énergétique, dont sont largement tributaires les pays européens. L’UE importe en effet un quart de son gaz et 18% de son pétrole de Russie. |
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