Nouvelles Frontières : comptes plombés par l’effet chikungunya

 
 
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Un boeing 747 de la compagnie Corsair est stationné sur le tarmac de Fort-de-France, le 6 février 2003 (Photo : Bernard Dordonne)

[19/09/2006 17:13:23] PARIS (AFP) Le premier voyagiste français Nouvelles Frontières pâtit de l’effet de l’épidémie de chikungunya dans l’Ile de La Réunion, qui plombe les comptes de sa filiale Corsair, au moment où le gouvernement français fait campagne pour tenter de relancer la destination.

Déjà malmené l’an dernier en raison des coûts liés au renouvellement de la flotte de Corsair, Nouvelles Frontières subira une nouvelle perte opérationnelle en 2006, alors qu’il avait tablé sur un retour à l’équilibre, a reconnu mardi son tout nouveau PDG, Jean-Marc Siano.

L’Ile de la Réunion représente en effet un quart du chiffre d’affaires de Corsair, et “sept Français sur dix partant vers la Réunion passent par Nouvelles Frontières”, a-t-il relevé devant la presse.

Faisant état d’une “baisse de la fréquentation touristique de 90%” sur l’île depuis janvier, M. Siano a évoqué un “risque de recrudescence de l’épidémie”: pour l’instant, “les touristes ne reprennent pas le chemin de la Réunion”.

Un constat qui intervient au lendemain du début d’une campagne de publicité d’un coût de 2,5 millions d’euros axée sur la beauté des paysages et invitant les touristes à revenir sur l’île, dans le cadre du plan de relance de la Réunion de 4,5 millions d’euros annoncé en mai par le gouvernement.

“La situation sanitaire actuelle n’est pas comparable à celle de février dernier. Les moyens exceptionnels engagés dans la lutte contre le moustique, vecteur du virus, a permis de ramener le nombre de contaminations à une dizaine de cas par semaine”, assure le ministère du Tourisme.

Le chikungunya, apparu début 2005 et qui a atteint son pic cet hiver, a touché 40% de la population réunionnaise et pourrait connaître une résurgence à l’approche de l’été austral (novembre-février).

L’épidémie amputera cette année de quelque 60 millions d’euros le chiffre d’affaires de Nouvelles Frontières (1,25 milliard d’euros en 2005), qui aurait dû progresser d’environ 1% hors effet chikungunya, selon M. Siano.

En 2005, la filiale du géant allemand TUI qui compte plus d’un million de clients par an, avait subi une perte opérationnelle de quelque 40 millions d’euros, notamment dû aux retards de livraison d’avions subis par Corsair.

Le redressement des comptes figurera parmi les principaux défis de M. Siano, qui a pris au début du mois les rênes du groupe pionnier fondé en 1967 par Jacques Maillot, artisan de la démocratisation du voyage en France.

La situation financière de Nouvelles Frontières est dans le collimateur de TUI, qui avait en août mis en avant “la faible activité en France” pour justifier une perte d’exploitation de trois millions d’euros au deuxième trimestre en Europe de l’ouest.

Dans ce contexte tendu, l’ancien PDG de Nouvelles Frontières, Eric Debry, avait quitté le navire fin août pour devenir numéro deux d’un groupe florissant, Pierre et Vacances (immobilier et loisirs).

“Il n’y aura pas de révolution”, donc pas de rupture avec la stratégie antérieure du groupe, a promis M. Siano, mais une légère inflexion, comme par exemple le recours accru à des ventes par internet.

Une cession de Corsair, hypothèse évoquée dans le cadre de la réorganisation des activités aériennes de TUI, “n’est pas à l’ordre du jour”, a-t-il assuré.

Au contraire, malgré le chikungunya, Nouvelles Frontières renforcera sa présence dans l’Océan indien, avec le lancement, à partir du 24 octobre, de deux vols hebdomadaires de Corsair sur l’île Maurice.

D’ailleurs, les réservations pour Madagascar sont en hausse de 15%, alors que le chikungunya y sévit “depuis plusieurs années”, selon M. Siano.

 19/09/2006 17:13:23 – © 2006 AFP