La cession de Jasminal permet à Nejmeddine Frikha
de repositionner stratégiquement son groupe. En effet, si ce pharmacien de
son état a renoncé à une position de leader dans le shampoing, c’est pour
mieux rebondir dans trois secteurs qui semblent devoir constituer le cœur de
l’activité de son groupe à l’avenir : l’industrie pharmaceutique, la santé
et l’agriculture.
En Tunisie, Henkel n’est pas une simple société mais un
groupe de quatre entreprises fabriquant de détergents, de cosmétiques et de colles.
Ce qui ne l’a pas empêché de vouloir se renforcer davantage en rachetant
récemment 100% du capital de Jasminal, l’entreprise du groupe Frikha. C’est
la réponse du berger à la bergère. En 2001, Unilever avait racheté Codepar
(Cosmétiques, Détergents et Parfumerie) et SPCD (Société des Produits
Chimiques Détergents), deux sociétés appartenant jadis au groupe UTIC
(Ulysse Trading & Industriel Companies, de Taoufik Chaïbi).
Cinq ans plus
tard, Henkel riposte à son concurrent reprenant Jasminal (groupe Frikha,
appartenant à Nejmeddine Frikha). Interrogé sur cette transaction, une
source à Henkel confirme le rachat de «100% du capital de cette entreprise»
mais précise «avoir décidé en accord avec l’ancien propriétaire de ne pas
communiquer sur cette opération». La démarche exactement contraire de celle
choisie par Unilever et le groupe UTIC qui, en 2001, avaient joué à fond la
transparence.
Mais il est vrai que ceux-ci ne pouvaient faire autrement
puisque la transaction portait sur des sociétés cotées en bourse, ce qui
n’est pas le cas de Jasminal.
Présent en Tunisie depuis près de trente ans, Henkel a donc mis la main sur l’un des fleurons de l’industrie des
détergents et cosmétiques, dont le nom a franchi les frontières de notre
pays. «C’est le leader en shampoing. Nejmeddine Frikha a investi les gains
réalisés grâce à l’exportation en Libye dans le développement et la
revalorisation de son produit, et faire de sa marque un leader en Tunisie et
en Afrique du Nord», analyse Kamel Ben Yaghlane, nouveau président de la
Chambre Syndicale des Industriels et Distributeurs de la Parfumerie.
Et
c’est cette réussite qui fait que «Henkel s’oblige à l’acheter pour le
maîtriser», souligne notre interlocuteur. Même s’il affirme se féliciter de
cette opération, Kamel Ben Yaghlane a un petit pincement au cœur et ne peut
s’empêcher de se déclarer opposé à ce que «la marque tunisienne soit
condamnée à être rachetée après avoir atteint la notoriété internationale»
et aurait aimé qu’il y ait eu «un mécanisme permettant à une marque
tunisienne de haut niveau de demeurer tunisienne, car il n’est pas facile
que la Tunisie produise une marque internationale». Aussi invite-t-il «M. Mondher
Zenaïdi (ministre du Commerce et de l’Artisanat) à réfléchir à la manière de
développer des maques tunisiennes qui soient des porte-drapeau».
La cession
de Jasminal permet à Nejmeddine Frikha, pharmacien de profession, de
repositionner stratégiquement son groupe. En effet, si ce pharmacien a renoncé à une position de leader dans le shampoing, c’est pour mieux
rebondir dans trois secteurs qui semblent devoir constituer le cœur de
l’activité de son groupe à l’avenir : l’industrie pharmaceutique, la santé
et l’agriculture. En effet, le groupe qui fabrique des produits
pharmaceutiques (Dar Essaydali) depuis quinze ans, a racheté une
polyclinique (El Bassatine) et une clinique (Essalama) en 2002 et serait en
train d’acheter des terres agricoles.