Kamel Ben Yaghlane : “Nous pouvons créer un label Tunisie dans la parfumerie, avec un soutien financier public”
Aucune marque tunisienne de parfum n’a atteint la
notoriété internationale. Mais Kamel Ben Yaghlane, nouveau président de la
Chambre Syndicale des Industriels et Distributeurs de la Parfumerie, pense
qu’il est possible de créer un label Tunisie dans ce secteur. A condition
que les pouvoirs publics le fassent bénéficier d’un soutien financier.
Webmanagercenter : Dans quel état se trouve aujourd’hui le secteur de
la parfumerie, dont vous avez désormais la charge en tant que nouveau
président de la Chambre Syndicale des Industriels et Distributeurs de la
Parfumerie ?
– Kamel Ben Yaghlane : L’industrie de la parfumerie se trouve à la
croisée des chemins. Elle est tiraillée par deux tendances contraires : d’un
côté, l’acceptation de son état de somnolence imposé par l’importation de
produits finis, et un désir de prendre son sort entre ses mains par une
action dynamisante, énergisante et percutante, pour s’imposer sur le plan
national, régional –c’est-à-dire méditerranéen et africain
– et pourquoi pas international. Ce qui nécessite de
revoir sa situation, de consolider les aspects positifs tout en traitant les
points négatifs, en vue de développer les potentialités de ceux qui sont
capables de porter le label de la profession très haut. Cette révision
nécessite une prise de conscience de nous autres opérateurs et de nos
vis-à-vis en vue d’arrêter une stratégie et un programme réaliste pour
développer le secteur sur le plan technique et pour le mettre au diapason de
l’évolution sur le plan international.
Cette action doit être entreprise en
étroite collaboration avec les autorités sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant. Les autorités doivent également reconnaître le besoin qu’a
le secteur d’un soutien en vue de pallier à son incapacité à combattre la
concurrence déloyale, la tromperie, la non-vérité des prix, les parasitaires
de cette branche d’activité.
-Quelles sont les forces et les faiblesses du
secteur ?
-Je commence par les faiblesses. La première est,
comme je l’ai dit, cette incapacité à faire face aux problèmes cités plus
haut. La deuxième est l’absence de vision sur les perspectives du secteur.
La troisième est l’absence d’harmonie entre industriels et distributeurs. Le
premier point fort est la capacité des industriels et l’importance de leur
parc technique. Le second est l’aptitude des dirigeants des entreprises de
ce secteur à surmonter toutes les difficultés si une vision est élaborée. Le
troisième est le capital confiance auprès du consommateur acquis par tous
les opérateurs sous la houlette de l’UTICA. Cette confiance a été gagnée au
fil des années grâce à la fabrication sous licence de toutes les grandes
marques mondiales. La quatrième et dernière force ce sont les jeunes
dirigeants qui sont en train de prendre le relais. Des jeunes qui
m’accompagnent au sein de la Chambre Syndicale des Industriels et
Distributeurs de la Parfumerie et qui sont en mesure de se surpasser pour
faire face à la concurrence moyennant soutien et aide.
– Pourquoi n’y a-t-il pas de marque tunisienne de parfum internationalement
reconnue ?
-Moi je me demande pourquoi les pouvoirs publics n’ont pas pris l’initiative
de bâtir un label national dans ce secteur, à l’image notamment de ce qui a
été fait dans les dattes (Deglet Nour). Aucune marque tunisienne n’a atteint
la notoriété internationale. Nous sommes prêts à créer un tel label, mais
cela nécessite un soutien financier.
– Quel est votre programme d’action en tant que nouveau président de la
Chambre Syndicale des Industriels et Distributeurs de la Parfumerie ?
-Mon rôle est de fédérer et de former une véritable équipe avec les
collègues appartenant à la Chambre. Pour cela, il faudra bannir les tabous,
le cavalier seul. Je serai également à l’écoute de tous les confrères pour
pouvoir agir vite et bien dans l’intérêt de la profession.