[21/09/2006 18:33:52] PARIS (AFP) Les contours de la fusion entre Suez et Gaz de France se précisent, au vu des concessions faites à Bruxelles pour obtenir son feu vert, bien que la privatisation de GDF fasse toujours l’objet d’une âpre bataille parlementaire et que les syndicats restent mobilisés. De manière inhabituelle, les deux groupes énergétiques français ont rendu publiques jeudi leurs propositions faites à la Commission européenne pour remédier aux problèmes de concurrence soulevés par le projet de fusion. Un geste qui pourrait apaiser les débats à l’Assemblée nationale, où le projet de loi de privatisation de Gaz de France, autre préalable à la fusion, fait toujours l’objet d’une bataille acharnée de la gauche, malgré un accord entre le PS et l’UMP pour achever son examen la semaine prochaine. “L’intégralité du périmètre” du groupe public GDF “est préservé”, s’est réjoui le ministre de l’Economie Thierry Breton devant les députés jeudi. Les concessions des deux groupes portent surtout sur la Belgique, où se posaient les problèmes de concurrence les plus sérieux. Dans le gaz, GDF aurait été le seul à concurrencer l’omniprésent Distrigaz, filiale de Suez à 57,25%. Aussi les deux groupes promettent-ils de créer un “nouveau concurrent”, qui récupèrera les clients de Distrigaz et de la SPE, détenue à 25,5% par GDF, ainsi que des contrats d’approvisionnement. Les deux groupes vendront aussi des volumes de gaz dans chaque pays. Au total, la quantité de gaz cédée représentera 10% des approvisionnements des deux groupes.
Dans l’électricité, alors que la fusion ferait passer sous le même toit Electrabel, filiale de Suez à 99%, et la SPE, Gaz de France prévoit de céder sa participation dans SPE. Ces cessions se feront par “échanges d’actifs” avec les nouveaux acquéreurs, afin de préserver le périmètre du nouveau groupe, comme le souhaitaient Suez et GDF. Ces actifs ne manqueront pas d’intéresser les concurrents. Le britannique Centrica serait sur les rangs pour la SPE, dont il possède déjà 25,5% du capital. Le géant gazier russe Gazprom, l’italien Enel, ou encore le français EDF avaient déjà dit qu’ils regarderaient ces actifs de près. Quant aux infrastructures stratégiques, sur lesquelles l’Etat français gardera une action spécifique (“golden share”), les concessions les plus importantes concernent aussi la Belgique. Suez propose d’y scinder en trois Fluxys, qu’il détient à 57%, mais gardera le contrôle du terminal méthanier de Zeebrugge, plate-forme centrale de débarquement du gaz naturel liquéfié, dans lequel Suez et GDF veulent devenir leaders en Europe. En France, GDF filialiserait ses terminaux, comme elle l’a fait avec ses réseaux de transport et distribution. Reste à savoir si ces propositions recevront l’aval de Bruxelles et seront jugées suffisantes par le gouvernement belge. Plusieurs analystes interrogés jeudi par l’AFP répondaient par l’affirmative. Si les analystes CM-CIC ne voient “pas d’obstacle majeur à la finalisation du deal”, ils rappellent qu’une question n’a pas été résolue, celle de la parité de la fusion, jugée défavorable par certains actionnaires de Suez. Du côté des salariés, les syndicats de l’énergie (sauf la CFDT) veulent maintenir la pression en manifestant à nouveau le 3 octobre, alors que les deux groupes réaffirment qu’il n’y aura aucun licenciement. Selon GDF, “une quarantaine de personnes” seraient concernées en France par la cession des réseaux de chaleur de sa filiale Cofathec. Selon la CGT-énergie, ces contreparties menacent la sécurité d’approvisionnement de la France. Pour la CFDT, “les remèdes envisagés ne sont pas sans effets secondaires”. |
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