Relance de la polémique autour du pouvoir d’achat des ménages en France

 
 
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Des personnes font leurs courses dans un hypermarché près de Caen (Photo : Mychèle Daniau)

[21/09/2006 16:43:17] PARIS (AFP) Trois semaines après l’Institut national de la consommation (INC), le Bureau d’informations et de prévisions économiques (Bipe) a relancé jeudi la polémique autour de l’évolution du pouvoir d’achat des ménages, en prévoyant pour 2006 et 2007 une progression nettement inférieure à celle de l’Insee.

Le pouvoir d’achat des ménages français, thème clé de la rentrée, progressera de 0,5% en 2006 et de 0,6% en 2007, selon le Bipe, dans une étude réalisée pour le groupe de distribution Leclerc. De son côté, l’Institut national de la statistique et des études économiques prévoit une augmentation de 2,4% en 2006 et de 2,1% en 2007.

L’INC avait lancé le débat autour du pouvoir d’achat fin août, en annonçant dans son mensuel 60 millions de consommateurs qu’il n’avait progressé que de 21 euros, soit 0,9% sur un an entre juin 2005 et juin 2006. L’institut de la consommation avait obtenu ces chiffres en intégrant l’énergie (carburants, gaz, combustibles) et les loyers dans ses calculs de l’inflation, des postes qui pèsent moins dans l’indice des prix de l’Insee.

L’INC avait alors plaidé pour la mise en place d’un “indice du coût de la vie”, qui prendrait en compte les nouveaux modes de consommation (internet, téléphone mobile) et pondèrerait différemment des postes comme le logement.

De son côté, le Bipe prend en compte dans ses calculs sur le pouvoir d’achat des dépenses incompressibles (qu’elle nomme des “charges contraintes”) comme le remboursement des crédits (à la consommation et l’habitat), les loyers, les charges liées au logement, les assurances obligatoires et les transports collectifs. Ces dépenses incompressibles expliquent le décalage avec les chiffres de l’Insee.

En revanche, le Bipe n’y intègre pas les dépenses de carburant et de téléphone mobile, estimant que les ménages ont la possibilité de faire des arbitrages pour économiser sur ces postes, en utilisant davantage les transports publics ou en adaptant leurs abonnements.

Ces “charges contraintes” devraient atteindre 39% du revenu disponible brut des ménages en 2006, alors qu’elles représentaient 33% en 2004. Si les revenus bruts ont augmenté de 3,1% en 2005, puis de 3,9% en 2006, en face, les dépenses incompressibles ont grimpé de 6,4% l’an dernier et de 7,3% cette année.

“Chaque année, on épargne moins pour s’offrir un train de vie”, a indiqué Elisabeth Waelbroeck-Rocha, directrice générale du Bipe. En 2008, le taux d’épargne devrait reculer à 14%, contre 16,7% en 2002. Dans le même temps, celui de l’endettement “avance allègrement vers les 70%” (contre 65% actuellement), selon Mme Waelbroeck-Rocha.

L’année prochaine, ces charges devraient décélérer car les ménages vont limiter leur endettement, à cause de l’augmentation des taux d’intérêt, mais les consommateurs ne pourront pas en bénéficier pleinement puisque la croissance économique va commencer à ralentir.

Cet indice “revisité” du Bipe sur le pouvoir d’achat des ménages avait été initié en 2004 par Michel-Edouard Leclerc, patron des centres éponymes, pour dénoncer une baisse masquée du pouvoir d’achat des Français et obtenir une réforme de la loi Galland sur la revente à perte qui, au fil des années, a entraîné un gonflement artificiel des prix dans la grande distribution.

Appliquée depuis le 1er janvier, cette réforme a commencé à donner des résultats dès le printemps, avec notamment les premières baisses de prix des produits de marque de grande consommation.

 21/09/2006 16:43:17 – © 2006 AFP