Consommation : les ménages ont connu une “frénésie d’achats” en août

 
 
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La consommation de produits manufacturés/ Dépenses des ménages

[22/09/2006 13:21:39] PARIS (AFP) Les économistes s’étonnent de la “frénésie” d’achats des Français, dont la consommation en produits manufacturés a augmenté de 3,3% en août, un record depuis juillet 1999 et une bonne nouvelle pour la croissance mais pas pour le commerce extérieur.

Le ministre de l’Economie et des Finances Thierry Breton s’est félicité vendredi sur RMC de cette progression annoncée le matin même par l’Insee, soulignant que c’était “la plus forte depuis sept ans”.

“C’est clairement dû au fait qu’il y a un peu plus de pouvoir d’achat. Globalement, la France consomme et c’est l’un des moteurs de la croissance”, a-t-il dit.

Le chiffre de juillet, annoncé vendredi également, affiche, lui, une baisse de 0,9%, annulant la hausse de juin.

Mais c’est la vigueur du rebond observé en août qui étonne les analystes. “Le miracle français de la consommation continue”, commente Alexander Law, du cabinet d’analyses sectorielles Xerfi, qui parle de “frénésie d’achats”.

Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès, utilise lui aussi le terme de “frénésie de consommation”.

“La magie continue!”, pour Marc Touati (Natexis Banques populaires). Il rappelle qu’une progression mensuelle de 3,3% n’avait été dépassée “qu’à cinq reprises au cours des 15 dernières années”.

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Des personnes font leurs courses dans un hypermarché près de Caen (Photo : Mychèle Daniau)

La consommation des ménages en biens manufacturés est un indicateur très suivi par les analystes car elle représente bien la tendance générale, même si elle comptabilise à peine le tiers de leur consommation totale (qui comprend aussi les dépenses de services et de loisirs).

C’est essentiellement la consommation de biens d’équipement du logement qui a augmenté en août (+5,4%), soit une croissance annuelle de 20,7%. Mais les dépenses en biens durables et automobile sont repartis à la hausse après avoir fléchi en juillet, et celles de textile-cuir ont augmenté tout l’été.

Ce phénomène déconcerte les analystes, même s’ils font assaut d’hypothèses. Parmi les principales explications, Alexander Law souligne “l’équipement des ménages en électronique grand public du fait de l’apparition permanente de nouveaux produits”, ou encore la hausse des prix de l’immobilier, qui donne un sentiment de richesse aux ménages propriétaires.

Pour Nicolas Bouzou, une des clés de compréhension du phénomène tient aussi à la “guerre concurrentielle” que se livrent depuis deux ans les opérateurs de crédit à la consommation, “qui les a amenés à baiser considérablement le coût du crédit”.

A cela s’ajoute le fait que les produits manufacturés à bas prix inondent le marché, en provenance de pays où les coûts de fabrication sont très bas. Et le niveau élevé de l’euro les rend encore moins chers.

Ce sont ces deux derniers phénomènes qui alarment le plus les conjoncturistes. Car loin de partager l’enthousiasme du ministre de l’Economie, et tout en reconnaissant que la consommation dope la croissance française à court terme, ils jugent que le miracle ne pourra pas se poursuivre éternellement.

D’abord, ce qui est “une bonne nouvelle pour la croissance du produit intérieur brut” en est une “mauvaise pour la balance commerciale”, relève Mathieu Kaiser, analyste chez BNP Paribas.

Ainsi, “sur une hausse de la consommation des ménages de 100 euros, on recense 40 euros de produits importés”, souligne Marc Touati.

Et puis, si la croissance française doit beaucoup à la consommation, elle doit bien moins à l’investissement, ce qui la rend fragile. Car les ménages, dont le taux d’endettement (66%) grimpe aussi vite que leur taux d’épargne diminue (14,3%), “sont en train d’épuiser dangereusement leurs réserves financières”, avertit ce dernier.

 22/09/2006 13:21:39 – © 2006 AFP