[23/09/2006 11:14:53] COMPIEGNE (AFP) Jacques Chirac, Vladimir Poutine et Angela Merkel se sont retrouvés samedi au château de Compiègne, près de Paris, pour des discussions informelles sur l’Iran et les intérêts économiques et stratégiques croisés des trois pays. Ce mini-sommet, conçu essentiellement comme un échange de vues, a été précédé vendredi d’une visite officielle à Paris du président russe, qui a eu un entretien et un dîner de travail à l’Elysée avec Jacques Chirac, après avoir inauguré un monument dédié au régiment “Normandie-Niemen”. Les présidents français et russe et la chancelière allemande se sont retrouvés peu après 10H00 au château de Compiègne, résidence royale puis impériale qui avait reçu en 1901 le tsar Nicolas II venu sceller l’amitié franco-russe avec Emile Loubet. Mme Merkel, en veste blanche, est arrivée avec une dizaine de minutes de retard, attendue par M. Chirac à la grille, tandis qu’une foule de badauds assistaient à la scène de l’autre côté des barrières de sécurité. Protocole oblige, M. Poutine est arrivé après la chancelière allemande.
Les trois dirigeants ont écouté les hymnes nationaux –russe, allemand puis français– dans la cour du château pavoisée des drapeaux des trois pays et de l’Union européenne, avant d’entamer leurs discussions. Dès le début des entretiens, Vladimir Poutine a présenté ses condoléances à Angela Merkel après l’accident d’un train qui a fait 23 morts en Allemagne. Les discussions étaient prévues pour durer environ deux heures, avant qu’ils donnent une conférence de presse commune Ils doivent ensuite avoir un déjeuner de travail avant de se séparer. Les dossiers énergétiques figuraient en bonne place sur l’agenda des discussions, même si M. Poutine a tenu à déminer dès son arrivée vendredi à l’Elysée l’épineux dossier des menaces de retrait de la licence de développement par Total du champ pétrolier de Khariaga (nord). “Je veux tout de suite vous rassurer. Les rumeurs sur un retrait de licence à la compagnie (Total) sont fortement exagérées”, a-t-il dit.
La participation de la Russie dans le groupe franco-allemand EADS devait être également évoquée, Moscou souhaitant obtenir une minorité de blocage dans le groupe. Mais le ministre de l’Economie Thierry Breton a prévenu que le pacte d’actionnaires assurant l’équilibre franco-allemand ne serait pas remis en cause par cette arrivée des Russes. L’Union européenne peine à établir avec Moscou, qui lui fournit le tiers de son gaz, un “partenariat énergétique”. La Russie rechigne en effet à signer avec les Européens une charte sur l’énergie, censée “ouvrir” le marché russe. Au chapitre diplomatique, l’Elysée a prévu que les discussions portent notamment sur le dossier du nucléaire iranien. Paris, Moscou et Berlin oeuvrent à la recherche d’une solution, et l’Elysée juge que “le rôle de la Russie a permis d’avancer” vers l’objectif commun du “plein respect par Téhéran de ses obligations”. Devaient également être évoqués le Darfour, la Tchétchénie, le Proche-Orient, le Liban, ainsi que les négociations sur le statut final du Kosovo. Cette question est sensible pour la Russie, qui fait valoir qu’une indépendance de cette province pourrait servir d’exemple pour le statut de l’Ossétie du Sud, de l’Abkhazie (Géorgie) et de la Transdniestrie (Moldavie). Jacques Chirac a par ailleurs remis vendredi soir à M. Poutine les insignes de Grand Croix de la Légion d’honneur, le grade le plus élevé de cette distinction. |
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