[23/09/2006 19:15:39] COMPIEGNE (AFP) Le président russe Vladimir Poutine s’est défendu samedi de mener une politique “agressive” à l’égard d’EADS, tout en réclamant une “coopération substantielle” avec le géant européen de l’aéronautique et la défense, sur lequel doit plancher “un groupe de travail”. Lors d’un mini-sommet informel à Compiègne, avec le président Jacques Chirac et la chancelière allemande Angela Merkel, il a cherché à rassurer ses partenaires, notamment sur l’objectif d’atteindre la “minorité de blocage” au sein de EADS évoqué par un conseiller du président russe. En visite en France vendredi et samedi, le président russe savait qu’il allait devoir s’expliquer sur l’ampleur de ses ambitions, les Européens craignant une entrée trop importante de la Russie dans le capital d’EADS. Il a ainsi affirmé que l’entrée, à hauteur de 5,02%, de la banque publique russe Vnechtorgbank dans le groupe aéronautique n’était “pas le signe d’une conduite agressive de la part des Russes”. “Il s’agit simplement d’une conduite bancaire naturelle qui a profité d’une conjoncture favorable du marché, les actions étant moins chères” sous l’effet des déboires industriels de l’A380 d’Airbus, détenu à 80% par EADS, a-t-il dit. “Nous n’avons pas l’intention de changer ou d’influencer la politique” d’EADS, a-t-il martelé durant la conférence de presse. Mais s’exprimant ensuite devant un groupe de journalistes, la plupart russes, M. Poutine a ironisé à plusieurs reprises sur la “peur” suscitée par sa politique parmi les pays européens. “Ils ont peur d’actions non constructives grâce auxquelles nous pourrions monter dans l’actionnariat et détruire de l’intérieur la compagnie” EADS, a-t-il déclaré. Pourquoi les Européens ont-ils peur des Russes ? “Parce que nous sommes grands et riches”, a ironisé M. Poutine. Pressé de préciser la stratégie du Kremlin à l’égard d’EADS, le président russe est redevenu sérieux pour envisager la possibilité d’une présence russe au Conseil d’administration d’EADS. “Si nous nous mettons d’accord sur une présence industrielle (une participation directe de l’Etat russe au capital d’EADS, ndlr) et une répartition des pouvoirs, alors nous transférerons le paquet d’actions de la banque (Vnechtorgbank) à cette structure que nous créons”, a-t-il indiqué, en référence au complexe aéronautique national d’envergure qu’il appelle de ses voeux. Ce conglomérat doit notamment accueillir l’avionneur russe Irkout, dont EADS détient 10% du capital.
Pour cela, le président exige d’emblée que des “règles du jeu” soient établies avec ses partenaires européens. Dans le cas contraire, a expliqué M. Poutine, “la banque continuera à travailler sur le marché”. Preuve que la question est loin d’être réglée, M. Poutine a annoncé la création d’un “groupe de travail” tripartite franco-germano-russe, destiné à définir les modalités de cette collaboration. Du côté d’EADS, on se dit “très intéressé par une coopération industrielle accrue avec le secteur aérospatial russe, dans le domaine des programmes, de la recherche-développement et de la production”, selon un porte-parole du groupe européen. Mais depuis le début, les co-présidents du conseil d’administration d’EADS, Manfred Bishoff et Arnaud Lagardère excluent de modifier le pacte d’actionnaires liant l’allemand DaimlerChrysler (22,3%), l’Etat français, actionnaire à 15%, et le groupe Lagardère, qui détient 7,5%. Samedi, de source proche du dossier, on estimait simplement que “cette première intervention officielle de M. Poutine sur le sujet montre que la Russie n’a pas d’intentions hostiles vis-à-vis d’EADS”. |
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