Hongrie : les émeutes ont fait chuter les marchés

 
 
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Violences dans la nuit du 19 au 20 septembre 2006 à Budapest (Photo : Attila Kisbenedek)

[23/09/2006 15:31:09] BUDAPEST (AFP) Les incertitudes quant à la capacité du Premier ministre socialiste hongrois à réaliser son plan de redressement économique ont pesé sur les cours de la Bourse de Budapest et affaibli la devise nationale, lors d’une semaine de troubles et émeutes sans précédent depuis 50 ans.

Les manifestations pour la démission de Ferenc Gyurcsany, qui ont dégénéré en violences trois nuits de suite au début de la semaine, ont fragilisé l’indice de la bourse hongroise : le BUX a perdu 6,6% de sa valeur pour cloturer à 21.355 points vendredi et le forint, la devise nationale, s’échangeait à 277 pour un euro alors qu’elle valait 272 il y a une semaine.

L’agence spécialisée Fitch a changé de “stables” à “négatives” les perspectives du crédit hongrois alors que Moody’s envisageait de baisser la notation du pays : toutes deux citent la crainte que les réformes ne soient arrêtées ou diluées.

“Tous le monde se demande si Gyurcsany restera en place”, a déclaré Andras Szalkai, un analyste de la Erste Bank à Budapest.

“S’il devait démissionner, cela engendrerait probablement de vives réactions des marchés financiers. Tous le monde veut savoir si son programme d’austérité sera retiré ou dilué”, a-t-il ajouté.

Les manifestations avaient commencé lundi à Budapest, après qu’eut été rendue publique une conversation à huis clos, fin mai, où le Premier ministre reconnaissait devant les députés socialistes avoir trompé le pays, dans le but, entre autres, de remporter les élections législatives d’avril en occultant son projet d’austérité prévu.

Le chef de gouvernement a été obligé d’annoncer des hausses d’impôts et des baisses des allocations familiales alors qu’il parlait du contraire dans sa campagne électorale. Entretemps, le déficit public record — le plus élevé de l’UE — a été estimé à 10,1% du PIB pour la fin 2006 malgré ces mesures.

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Le Premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsany le 19 septembre 2006 au Parlement (Photo : Attila Kisbenedek)

Le parlement hongrois a alors durci les choses en juin en décidant aussi de débauches massives au sein du secteur public et d’une baisse des subventions aux prix de l’énergie, surtout pour le gaz naturel.

Tout cela serait remis en cause si M. Gyurcsany était obligé de démissionner, ce qu’il a toujours exclu.

De son côté, le président du Fidesz (droite, opposition) Viktor Orban a appelé les socialistes à démettre M. Gyurcsany et à retirer le plan d’austérité.

M. Orban avait prôné, lors de la campagne pour les élections législatives – qu’il a perdues au printemps – une baisse radicale des impôts comme remède au déficit. Mais il n’a pu convaincre la majorité des électeurs, ni les marchés financiers.

“A cause du déficit extrêmement élevé, la majorité des analystes affirment que la juste route à suivre est d’augmenter au contraire les revenus du gouvernement”, a souligné M. Szalkai.

Les mesures d’austérité du gouvernement vont de pair avec le programme de convergence de la Hongrie, envoyé à Bruxelles le 1er septembre en vue d’une adoption de l’euro pour la décennie prochaine : l’UE semble, selon des sources fiables, être prête à accepter ce plan de convergence après avoir refusé une première mouture en janvier.

Selon ce programme, la Hongrie doit ramener à 3% du PIB son déficit public pour fin 2009.

“Il s’agit du premier plan de convergence qui semble vraiment être crédible”, estime György Barcza, analyste de ING.

 23/09/2006 15:31:09 – © 2006 AFP