[24/09/2006 22:08:02] NEW YORK (AFP) La perte de plus de 5 milliards de dollars en une seule semaine subie par le fonds spéculatif Amaranth Advisors relance le débat sur la régulation des “hedge funds” aux Etats-Unis. Les hedge funds, ou “fonds de couverture” en anglais, n’effectuent en fait quasiment jamais d’opérations de couverture. Ce sont au contraire des fonds très spéculatifs qui exploitent les anomalies du marché et les failles de la réglementation financière pour réaliser des opérations financières juteuses. Estimés à environ 9.000 dans le monde, avec plus de 1.000 milliards de dollars d’actifs, les hedge funds sont présents sur presque toutes les catégories de marché (changes, matières premières, actions, obligations…), et peuvent parfois être amenés à prendre des risques importants pour doper leur performance. Tous les courtiers ont encore en mémoire la saga LTCM (Long Term Capital Management) qui avait en 1998 faillit provoquer la paralysie du système financier américain. Le fonds, qui avait parié sur la hausse du rouble, s’était retrouvé en situation critique quand la monnaie russe avait été dévaluée brusquement. Son capital avait fondu en un mois, passant à 630 millions de dollars en septembre 1998 pour encore 7,3 milliards de dollars en 1997. Craignant une crise systémique, la Réserve fédérale américaine (Fed) avait convoqué une réunion d’urgence avec les patrons des plus grandes banques de Wall Street pour les forcer à sauver LTCM de l’effondrement. Amaranth a connu les mêmes péripéties ce mois-ci et a perdu plus de 5 milliards en une semaine en pariant sur une hausse du prix du gaz naturel alors que ceux-ci ont en fait chuté. Parmi les victimes de cette déroute, le fonds de pension des retraités de San Diego (Californie, ouest), qui avait investi 175 millions de dollars dans Amaranth, en a notamment été pour ses frais. “Investir dans certains types de hedge funds peut être une affaire risquée, ce n’est pas fait pour papa ou maman”, a mis en garde Christopher Cox, le président de la Commission des opérations de Bourse américaine (SEC). Favorable à une plus grande réglementation des hedge funds, M. Cox voit sa position renforcée par le scandale Amaranth. En 2004 déjà, la SEC “avait estimé que le programme de réglementation des hedge funds était inadéquat (…) Je pense que c’est encore le cas”, avait déclaré M. Cox en juillet devant une commission bancaire du Sénat. Il s’était toutefois refusé à toute recommandation plus spécifique, estimant que les détails d’une loi relevaient des “prérogatives” du Congrès. Son avis ne fait pas l’unanimité, le président de la Fed, Ben Bernanke, se disant pour sa part sceptique quant aux vertus d’une telle réglementation. “Dans le cas des hedge funds, il est raisonnable de supposer que la discipline des marchés peut fonctionner”, avait-il affirmé en mai. M. Bernanke s’inscrivait ainsi dans le droit fil de son prédécesseur Alan Greenspan, lui aussi hostile à une réglementation des hedge funds. L’affaire Amaranth ne joue pas à sens unique. Ainsi le peu d’impact sur les marchés financiers des “énormes pertes d’Amaranth Advisors” est un signe “encourageant” pour l’industrie des hedge funds, estime l’agence financière Standard’s and Poor’s (SP). “La leçon à retenir est qu’avec un zèle particulier dans la gestion des risques et (…) une transparence minimale de la part des fonds, des risques indésirables peuvent être évités”, ajoute SP. “Avec trop d’intervention gouvernementale, l’innovation est réduite, le système est étouffé. Avec trop peu d’intervention, la probabilité d’une crise systémique peut monter à des niveaux qui ne seraient pas acceptables”, avait résumé Timothy Geithner, président de la Fed de New York, peu avant que ne soient révélées les pertes d’Amaranth. |
||
|