[26/09/2006 08:19:18] PARIS (AFP) Sur 18 millions de téléphones mobiles vendus en France en 2005, plus de la moitié l’ont été dans les boutiques, physiques ou sur internet, appartenant à Orange, SFR et Bouygues Telecom, montrant une fois de plus la suprématie des opérateurs sur le réseau de distribution. “C’est une spécificité française et c’est un facteur de gêne de la concurrence”, estime Jean-Pierre Champion, PDG de The Phone House, premier réseau de distribution indépendant français, avec 235 magasins. “En Angleterre par exemple, le réseau captif des opérateurs pèse moins de 25% du marché”. “Le contrôle (du réseau) par les opérateurs n’a jamais cessé”, affirme Marc Chemouil, directeur du département Télécoms de l’institut d’études Gfk. A la fois fournisseurs et concurrents des boutiques indépendantes, ils ont les clés du marché. Les opérateurs français bénéficient de l’avantage de la taille: Orange compte entre 800 et 850 boutiques (700 agences France Télécom et une centaine de Mobistores), SFR en a 700 et Bouygues Telecom 500. Deuxième atout, les programmes de renouvellement qu’ils proposent, à des tarifs alléchants, à leurs clients pour les inciter à se réabonner, mais uniquement dans leurs boutiques. Le sujet est stratégique: Orange a entamé depuis deux ans une opération de relocalisation de ses boutiques “dans les zones de chalandises porteuses”. Il est aussi sensible: sollicité, SFR n’a pas souhaité s’exprimer. Selon Gfk, 40% des ventes de mobiles sont faites dans les boutiques des opérateurs, 20% directement par ces derniers (par internet ou téléphone) et les 40% restants passent par la “distribution concurrentielle”: boutiques indépendantes, hypermarchés, spécialistes de l’électronique, sites internet… “Il y a le réseau extrêmement puissant de France Télécom, puis celui de SFR, et enfin la grande distribution, qui est aussi puissante”, note Jean-Daniel Beurnier, PDG d’Avenir Telecom, présent en France sous les enseignes Internity et Mobile Hut.
“Orange a démarré sur ce marché (de la distribution) dans des conditions qui l’ont avantagé (grâce aux agences France Télécom, ndlr) et a encore une position dominante”, estime Alain Niccolaï, directeur commercial de Bouygues Telecom. “Dans ce paysage, tout le monde trouve sa place”, se défend Patrick Fontana, directeur des ventes et de la distribution à France Télécom, qui trouve le marché “assez équilibré”. Le secteur a connu “une forte concentration”, relève M. Chemouil: “Orange, SFR et Bouygues Telecom ont regroupé sous leurs enseignes beaucoup d’indépendants qui étaient menacés de disparition”. Plusieurs chaînes sont aussi apparues et on ne trouve plus que 350 à 400 boutiques totalement indépendantes, contre 1.500 il y a trois ans. On compte en France 6.500 à 7000 points de vente de téléphonie mobile, contre 10.000 à 13.000 à la fin des années 1990. “Quand le marché doublait chaque année, il était facile de gagner sa vie même si on vendait moins que les autres”, relève M. Chemouil, “mais quand il a commencé à ne progresser que de 5 à 10% par an, c’est devenu plus compliqué pour eux”. Seule solution: “se différencier”, martèle le PDG de The Phone House. “Le premier critère de différenciation, c’est le mobile, alors près de 30% de nos ventes relèvent d’une exclusivité, négociée directement avec les fabricants”. Il n’oublie pas non plus l’impact de la taille, et veut, d’ici trois ans, doubler son parc de magasins. Même stratégie chez Avenir Telecom, “nous nous différencions par une profondeur de gamme dans les accessoires”, explique M. Beurnier, qui compte ouvrir 60 à 80 nouvelles boutiques en Europe cette année. |
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