Ayant
mené l’enquête sur «les profils des jeunes entrepreneurs tunisiens», Karim
Ben Kahla croit nécessaire de continuer le travail sur cette population et
menant d’autres investigations sur «les valeurs individuelles des
dirigeants» et «l’environnement culturel entrepreneurial dans lequel ils
évoluent». Qui sommes-nous ? Qu’est-ce qui nous caractérise ?
Alors que d’autres catégories de Tunisiens rechignent à porter sur eux-mêmes
un regard scrutateur en profondeur, les jeunes entrepreneurs ont eu le
courage et le mérite, à travers leur organisation, le Centre des Jeunes
Dirigeants d’entreprise, de se livrer à un tel exercice, sous la forme d’une
enquête sur «les profils des jeunes entrepreneurs tunisiens’’.
Conduite par un universitaire, Karim Ben Kahla, l’enquête avait pour
principal objectif de cerner «les motivations, conditions, difficultés et
moyens d’action des jeunes entrepreneurs en Tunisie». Avec pour ultime but
de faciliter «l’élaboration d’une politique de promotion de l’entrepreneuriat»,
d’améliorer les «chances de survie des entreprises gérées par des jeunes
dirigeants» et de «contribuer à une meilleure définition des stratégies
d’approche et d’action du CJD et à un meilleur enracinement de celui-ci
auprès des jeunes entrepreneurs tunisiens».
Première révélation de l’enquête : la «contagion» est un facteur essentiel
dans la création d’entreprise», en ce sens que 68,5% des créateurs
interrogés ont un père dirigeant ou créateur d’entreprise. Ce qui leur
permet de bénéficier de trois apports importants : un «certain capital
matériel», un «réseau social et d’affaires» et, enfin, «un savoir-faire et
(un) savoir-être en matière de gestion des entreprises».
D’après le CJD, les jeunes entrepreneurs sont, dans leur écrasante majorité
(87%) des hommes –d’après l’enquête, les créatrices d’entreprise ne
représentent que 21,3% du total-, ayant souvent de 30 à 40 ans (79%), et
opèrent principalement dans quatre secteurs : industrie (26%), commerce
(16%), NTIC (11%) et conseil & formation (9%). Une surprise de taille : la
région qui «produit» le plus de créateurs est le Nord-Ouest (27,8%),
pourtant généralement considéré comme économiquement défavorisé, suivie de
Sfax (26,9%) et du Sahel (22,2%).
Une
forte majorité des créateurs d’entreprise (65,7%) ont un profil pointu, avec
une maîtrise et plus en plus poche, essentiellement dans quatre disciplines
: gestion : (43,5%), architecture (18,5%), ingénierie (14,8%) et
informatique. 46,2% des entrepreneurs ont fait leurs études à l’étranger,
contre seulement 19,4% des repreneurs.
Généralement, les créateurs «passent par un apprentissage en entreprise qui
dure 2,82 ans, avant de créer leur propre entreprises». En outre, 26,9% des
jeunes intégrant une entreprise familiale le font généralement après avoir
passé 3 ans dans une autre société.
Qu’est-ce qui pousse un jeune à la création d’entreprise? Les plus forts
motifs évoqués par les enquêtés sont la volonté «d’être son propre patron»,
«d’améliorer sa situation financière», de «mieux utiliser/développer
certains traits de sa personnalité», de «réaliser un rêve», de «saisir une
opportunité» et «d’améliorer son statut social».