Japon : Shinzo Abe et son équipe économique attendus au tournant des réformes

 
 
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Le Premier ministre japonais Shinzo Abe lors d’une conférence de presse à Tokyo, le 26 septembre 2006 (Photo : Toshifumi Kitamura)

[27/09/2006 07:26:01] TOKYO (AFP) Le gouvernement japonais de Shinzo Abe a promis de poursuivre les réformes structurelles au Japon, mais le profil quelque peu falot et bureaucratique des nouveaux ministres économiques laisse planer un doute quant à ses intentions réelles, estiment des analystes.

Dans l’ensemble, le nouveau gouvernement conservateur nippon donne l’impression d’être plus intéressé par les affaires diplomatiques et de défense que par l’économie.

Et ce alors que le Japon est confronté à moult problèmes financiers urgents, à commencer par sa dette publique de 170% du produit intérieur brut et son déficit budgétaire abyssal.

Les analystes ont notamment été surpris par la nomination au poste clé de ministre des Finances d’un ancien ministre des Sciences de 73 ans, Koji Omi. Lequel s’est empressé de faire savoir que la réforme du système fiscal nippon, considérée par de nombreux économistes comme pressante, pouvait attendre.

“Nous ne parlons pas de reconstruire les finances de l’Etat en un an ou deux. Il faudra plusieurs années pour consolider la croissance de l’économie japonaise et doper sa compétitivité, ce qui conduira ensuite à une hausse des recettes fiscales et à un cycle vertueux”, a-t-il soutenu.

“Il semble improbable qu’Abe investisse beaucoup de son capital politique dans les réformes”, juge Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securities.

Selon lui, la composition du nouveau gouvernement prouve que Shinzo Abe “est peu intéressé par les questions économiques”.

Et que la bureaucratie ministérielle nippone, qui avait perdu beaucoup de sa traditionnelle toute-puissance sous le précédent gouvernement du très libéral Junichiro Koizumi, risque de reprendre le dessus.

Le quotidien économique Nikkei, bible des milieux d’affaires, s’en inquiète dans son éditorial.

“Les forces hostiles aux réformes semblent gagner du poids avec le changement de gouvernement. Le nouveau Premier ministre Shinzo Abe ne doit pas tolérer une régression à l’ère pré-Koizumi”, met-il en garde.

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Une femme passe devant un tableau d’affichage de valeurs boursières à Tokyo, le 7 septembre 2006 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

“A des réformes radicales, Koki Omi va préférer des politiques alignées sur la doctrine traditionnelle du Parti libéral-démocrate (PLD)”, le grand parti de droite au pouvoir depuis un demi-siècle, avertit l’agence de notation financière Standard and Poor’s, qui craint un retour aux “politiques populistes” de dépenses publiques prodigues.

La Bourse de Tokyo a terminé mercredi sur un bond de 2,51%, mais surtout grâce aux solides performances de Wall Street la veille, l’annonce du nouveau gouvernement ayant eu un minimum d’impact, selon les courtiers.

“Le nouveau cabinet manque de panache, surtout aux yeux des investisseurs étrangers”, a commenté Mitsushige Akino, gérant de portefeuille en chef chez Ichiyoshi Investment Management.

Les économistes sont tout de même satisfaits de la nomination d’un ancien de la Banque du Japon, Yasuhisa Shiozaki, au poste de numéro deux de l’exécutif. De même que de celle d’une professeur d’économie réputée, Hiroko Ota, au rang de secrétaire d’Etat à la politique économique et budgétaire.

Beaucoup voient en Mme Ota, qui fut membre de l’influent comité de conseillers économiques privés de M. Koizumi, l’héritière du charismatique Heizo Takenaka, le père de toutes les réformes structurelles et privatisations mises en oeuvre par M. Koizumi.

Sa nomination “laisse penser que le nouveau gouvernement poursuivra dans la voie des réformes”, juge Taro Saito, économiste à l’Institut de recherche NLI.

“Quant à savoir si elle aura l’autorité suffisante ou non, cela dépendra de l’attitude d’Abe”, poursuit M. Saito, selon qui “la seule raison pour laquelle Takenaka a pu mener ses réformes radicales est qu’il a toujours bénéficié du soutien de Koizumi”.

 27/09/2006 07:26:01 – © 2006 AFP