[27/09/2006 10:58:58] HOUSTON (AFP) De lourdes peines de prison ont sanctionné mardi les dirigeants responsables de deux des plus grandes faillites des Etats-Unis, l’ex-PDG de Worldcom Bernard Ebbers et l’ex-directeur financier d’Enron, Andrew Fastow. Andrew Fastow, 44 ans, a été immédiatement incarcéré après l’annonce de sa peine de six ans de prison, infligée pour avoir aidé à dissimuler l’ampleur des pertes du groupe de courtage en énergie qui a fait faillite fin 2001. Sa peine est toutefois plus clémente que les dix ans qu’il risquait car il a a bénéficié de sa décision de collaborer avec la justice et de témoigner contre ses anciens patrons Kenneth Lay et Jeffrey Skilling. L’ancien directeur financier, qui passait lors de sa splendeur pour particulièrement arrogant, a pleuré lorsqu’il a demandé la clémence du juge, tout en indiquant qu’il accepterait sa peine “sans amertume”. “Je ne peux défaire le mal que j’ai causé”, a-t-il dit après l’énoncé de la sentence, ajoutant qu’il avait honte de ce qu’il avait fait. L’attitude de Bernard Ebbers a été toute autre. Il s’est présenté mardi à la prison d’Oakdale (Lousiane, sud) pour y purger la peine de 25 ans de prison à laquelle il a été condamné en juillet 2005. Sa peine avait été confirmée en appel en juillet dernier. Agé de 65 ans, il risque fort de passer les dernières années de sa vie en prison mais n’a jamais montré lors de son procès des signes de regrets pour les malversations commises. Sa peine est la plus longue jamais infligée à un dirigeant d’entreprise américain. Jeffrey Skilling connaîtra la durée de la sienne à la fin octobre après avoir été reconnu coupable en mai. Quant à Kenneth Lay, il est mort en juillet d’une crise cardiaque après avoir été lui aussi reconnu coupable lors d’un procès très médiatisé à Houston (Texas, sud) où Enron avait son siège. Les faillites d’Enron et de WorldCom ont symbolisé les excès du capitalisme américain dans les années 90 et l’avidité de dirigeants d’entreprises prêts à tout pour s’enrichir. Les employés au chômage et les actionnaires ruinés ont toutefois motivé l’adoption ensuite de lois particulièrement sévères pour obliger les PDG à garantir la bonne tenue des comptes de leurs entreprises.
Des milliers d’employés d’Enron avaient perdu leur emploi et leurs économies lors de la faillite du groupe qui avait secoué les marchés financières et jeté un discrédit durable sur certaines pratiques comptables des entreprises. WorldCom, à l’époque l’un des plus grands opérateurs de télécommunications américains, avait fait banqueroute en 2002, devenant la plus grande faillite de l’histoire américaine. Les malversations comptables portaient sur 11 milliards de dollars alors qu’Enron avait laissé derrière lui une ardoise de plus de 40 milliards de dettes. Sorti de faillite en 2004, WorldCom a depuis été rebaptisé MCI. Enron n’est plus aujourd’hui qu’une coquille vide, assiégée par les créanciers. Tout comme Kenneth Lay et Jeffrey Skilling, Bernard Ebbers aimait la richesse et possédait notamment un immense ranch au Canada, pays où il est né. Il était notamment devenu célèbre pour ses bottes de cowboy qu’il ne quittait jamais. D’autres dirigeants ont aussi été condamnés dans l’opération de nettoyage entamée ces dernières années. Le fondateur du câblo-opérateur américain Adelphia, John Rigas, 80 ans, a reçu en 2005 une peine de 15 ans de prison pour fraude mais est resté en liberté en attendant le verdict d’appel. Son fils Timothy, 49 ans, ancien responsable financier du groupe, a pour sa part été condamné à 20 ans. Il a lui aussi fait appel. Ces procès ont aussi éclairé les méthodes, et les abus, de certains PDG des plus grandes entreprises du pays. Commentant le choix d’Andrew Fastow de collaborer avec la justice, le procureur John Hueston a estimé mardi que cela avait permis “de faire entrer les jurés à l’étage de la direction”. |
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