Sakhaline 2 : la Russie augmente la pression sur les investisseurs étrangers

 
 
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Le directeur du service russe de contrôle de l’environnement Konstantin Poulikovski, lors d’une conférence de presse à Ioujno-Sakhalinsk, le 27 septembre 2006 (Photo : Denis Sinyakov)

[27/09/2006 19:02:36] IOUJNO-SAKHALINSK (AFP) Les autorités russes ont continué de faire pression mercredi sur les compagnies étrangères impliquées dans le gigantesque projet pétrolier et gazier Sakhaline 2 au cours d’une conférence tenue sur cette île de l’Extrême-Orient russe.

Les contrôles environnementaux qui menacent ce projet d’interruption “reposent exclusivement sur des exigences formulées dans la loi”, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, justifiant la fermeté de Moscou, devant 300 investisseurs réunis sur cette île riche en hydrocarbures.

“L’idée que les étrangers sont en train d’être poussés hors du marché russe de l’énergie n’a aucun fondement”, a-t-il affirmé.

Depuis Sotchi (sud de la Russie), le président russe Vladimir Poutine a demandé à son gouvernement de “prendre des mesures” contre les entreprises qui ne “respectent pas les accords de licence” d’exploitation ou “ne travaillent pas consciencieusement” alors que plusieurs compagnies pétrolières étrangères, dont le français Total et l’américain Exxon, subissent actuellement des contrôles sur leurs activités.

Le Parquet russe a annulé la semaine dernière les résultats d’une expertise écologique effectuée en 2003 pour Sakhaline 2, un projet de 20 milliards de dollars (15,8 milliards d’euros) mené par la Royal Dutch Shell, provoquant un tollé de protestations à l’étranger et particulièrement au Japon.

La décision russe d’annuler l’expertise était “inéquitable, unilatérale” et manquait de “transparence”, a déclaré Yasuo Saito, l’ambassadeur du Japon en Russie au cours de cette conférence.

Le ministre des Ressources naturelles, Iouri Troutnev, a précisé mardi que le projet pourra continuer son développement le temps que des experts russes dépêchés cette semaine à Sakhaline livrent leur rapport.

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Le directeur du consortium Sakhalin Ian Craig lors d’une conférence de presse à Ioujno-Sakhalinsk, le 27 septembre 2006 (Photo : Denis Sinyakov)

“La communauté internationale porte une attention particulière à ce projet”, a prévenu M. Saito.

Les compagnies japonaises d’électricité et de gaz ont déjà passé des contrats pour importer par bateau du gaz naturel liquéfié (GNL) à partir de l’été 2008.

Et les pertes totales en cas de retard d’un an pris par le projet pourraient s’élever à 10 milliards de dollars et causeraient “les dégâts les plus importants jamais enregistrés à la réputation de la Russie en tant que fournisseur fiable d’énergie”, a souligné Ian Craig, le directeur du consortium Sakhalin Energy qui supervise le projet.

Les environnementalistes ont, eux, applaudi la décision des autorités, soulignant qu’il était grand temps que les compagnies étrangères observent les règlements en matière de protection de l’environnement sur cette île à l’écosystème fragile, mais beaucoup d’observateurs doutent de la sincérité des préoccupations écologiques des autorités russes.

Sakhaline possède des réserves évaluées à 45 milliards de barils de pétrole destinées à alimenter le marché en pleine expansion d’Asie Pacifique.

La Royal Dutch Shell détient 55% du projet alors que les maisons du commerce japonaises Mitsui et Mitsubishi Corporation en détiennent 25% et 20% respectivement. Le géant gazier Gazprom, contrôlé par l’Etat, a signé un accord, dont les modalités sont toujours en négociations, pour obtenir une part de 25%.

Moscou est en conflit avec le consortium Sakhalin Energy depuis l’annonce du doublement du coût du projet de 10 milliards à 20 milliards de dollars, ce qui retardera le versement à l’Etat russe de sa part des bénéfices du projet qu’il attend, une fois les investissement initiaux remboursés.

Plusieurs analystes estiment également que la Russie cherche par ce conflit à renforcer son contrôle sur Sakhaline-2 et fait pression sur Shell pour servir les intérêts de Gazprom.

“Le but derrière la question environnementale est d’aider Gazprom à faire une meilleure affaire” dans ses transactions avec Shell, estime Stephen O’Sullivan de la banque d’investissement Deutsche UFG à Moscou.

Valeri Garipov, un ancien ministre de l’Energie russe, aujourd’hui employé la Chambre de Commerce russe a admis que le principal problème de Sakhaline 2 était que le projet “n’était pas russe”.

 27/09/2006 19:02:36 – © 2006 AFP