[29/09/2006 12:36:40] ROME (AFP) Le chef du gouvernement italien Romani Prodi jouait sa crédibilité vis-à-vis de Bruxelles vendredi avec la présentation du projet de budget pour 2007, objet de fortes tensions au sein d’une majorité partagée sur les mesures de rigueur à appliquer. Les tractations au sein de la coalition de centre-gauche ont duré toute la nuit et n’avaient pas permis de venir à bout de toutes les divergences à l’ouverture du conseil des ministres à 09H00 GMT. Romano Prodi peine à trouver les 30 milliards d’euros d’économies et de recettes nouvelles promises, dont la moitié doivent aller à la réduction du déficit public que Rome s’est engagé à ramener sous 3% l’an prochain, contre plus de 4% cette année. L’autre moitié doit aller au soutien de la croissance, essentiellement sous la forme d’une baisse des charges sociales. “Ce ne sera pas un budget très sexy”, a reconnu dans la nuit de jeudi à vendredi le chef du gouvernement. M. Prodi et son ministre de l’Economie Tommaso Padoa-Schioppa doivent trouver un subtile dosage entre hausse d’impôts et baisse des dépenses à même de satisfaire une majorité allant des centristes aux communistes réformateurs. L’exercice se joue sous l’oeil très attentif des agences de notation financières qui menacent d’abaisser la note de l’Italie si elles jugent les mesures d’assainissement insuffisantes. Les différents ministres ont exigé 60 milliards d’euros de recettes supplémentaires mais il est déjà difficile d’en trouver 15, a souligné M. Padoa-Schioppa. Cet ancien membre de la Banque centrale européenne (BCE), caution du gouvernement auprès des investisseurs, s’est montré très irrité par les marchandages de dernière minute. Deux points essentiels cristallisent les tensions: le seuil de revenus à partir duquel sera appliqué le taux d’imposition le plus élevé (43%) et l’enveloppe consacrée aux dépenses sociales. Les centristes de l’Udeur menacent de faire obstacle au budget si le taux d’imposition maximal s’applique dès 70.000 euros au lieu de 100.000 euros précédemment. “C’est une expropriation des classes moyennes”, a lancé le ministre de la Justice et membre de l’Udeur, Clemente Mastella. De leur côté, les écologistes dénoncent le manque de ressources octroyées aux secteurs qu’ils jugent stratégiques comme la santé, les services sociaux ou l’environnement. “Nous ne voterons pas le budget en l’état”, a lancé dans la nuit le chef du groupe écologiste au parlement, Angelo Bonelli. Selon le journal La Repubblica, six ministres de l’aile gauche de la coalition ont préparé une offensive pour exiger en conseil des ministres qu’un milliard d’euros initialement prévu pour la réduction des charges sociales soit réorienté vers les dépenses de recherche, d’éducation et de santé. “Nous refuserons de nouvelles coupes dans les dépenses sociales”, a averti le ministre de la Solidarité sociale, le communiste Paolo Ferrero, avant d’entrer en conseil des ministres. Pas encore adopté, le projet de budget a déjà mis en alerte le patronat, inquiet de voir la balance pencher vers un renchérissement de l’impôt plutôt qu’une baisse des dépenses. “Je vois le risque d’impôts nouveaux”, a dit son président Luca Cordero di Montezemolo jeudi soir. Le patronat est particulièrement attentif à la répartition des 15 milliards d’euros qui doivent aller au soutien de la croissance. Il réclame une baisse des charges sociales de 5 points pour toutes les entreprises dès début 2007 et non une application différenciée visant à favoriser les sociétés implantées dans le Sud. |
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