[29/09/2006 15:44:24] PARIS (AFP) L’Opep a une nouvelle fois démenti vendredi toute volonté de réduire sa production pour enrayer la dégringolade des cours, sans pour autant dissiper l’impression qu’elle s’agite en coulisse pour reprendre le contrôle du marché. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole “n’a pas pris de décision sur une baisse (de production, ndlr). Il n’y a pas d’accord, ni formel, ni même informel”, a assuré à l’AFP un porte-parole, Omar Farouk Ibrahim. Le doute quant aux intentions du cartel est omniprésent sur les marchés depuis que les cours ont dégringolé de plus de 20% par rapport à leurs pics de cet été, et l’Opep avait déjà dû réfuter mardi l’idée qu’elle préparait une réunion d’urgence pour décider d’une baisse de son plafond, fixé à 28 millions de barils par jour depuis juillet 2005. Jeudi, le soupçon a été nourri par des informations de presse faisant état d’un accord informel entre plusieurs pays, dont l’Arabie saoudite, le Koweït et le Nigeria, pour une baisse de production à partir du 1er octobre. D’où ce nouveau démenti vendredi, corroboré au Nigeria par un haut responsable de la NNPC (la compagnie nationale pétrolière du Nigeria): il n’y a “pas d’accord, rien du tout”, a-t-il dit vendredi à l’AFP sous couvert d’anonymat. Le président de l’Opep, le ministre nigérian du pétrole Edmund Daukoru, a lui aussi nié l’existence d’un accord: “Je n’ai pas du tout connaissance (d’un tel accord). Bien sûr, la récente chute des cours est une préoccupation partagée, mais les consultations se poursuivent” entre les ministres des 11 pays de l’Opep, a-t-il dit au journal nigérian This Day paru vendredi.
“Quelque chose doit être fait pour stabiliser les cours du pétrole”, a-t-il toutefois ajouté, laissant planer une certaine ambiguïté. Cette confusion a été encore accrue par le fait que le Nigeria a parallèlement décidé de réduire sa production de 5% au 1er octobre, pour le 4è trimestre. A en croire le porte-parole de l’Opep, cependant, cette mesure “ne relève que de sa propre stratégie marketing”, et aucun autre pays membre n’a manifesté l’intention d’en faire autant. Pour les analystes, l’Opep a réussi, malgré la maladresse de son message cette semaine et d’apparentes divisions entre pays membres, à faire passer son message haussier sur les cours et à freiner la spirale de baisse. Le baril s’échangeait vendredi autour de 62 dollars le baril à New York vers 14H00 GMT, alors qu’il était passé sous la barre des 60 dollars lundi. “La magie de la réthorique de l’Opep a une nouvelle fois réussi à soutenir les cours du brut”, relèvent les experts de la Deutsche Bank à Londres. Pour Kevin Norrish, analyste de Barclays, “les événements des dernières 24 heures montrent que l’Opep -bien que pas très clairement- est en train de signaler son intention d’arrêter la glissade des cours grâce à une baisse de production”. “Les cours se rétablissent, mais les indicateurs techniques (comme le niveau des stocks, ndlr) demeurent faibles, donc l’Opep doit agir vite si elle veut convaincre le marché qu’elle entend sérieusement défendre un prix plancher légèrement au-dessus de 60 USD, ainsi que l’ont signalé plusieurs de ses membres les plus éminents”, prévient-il. La plupart des analystes estiment que le marché est actuellement bien ancré dans sa tendance baissière, avec des stocks plus qu’abondants à l’approche de l’hiver dans les pays consommateurs et une croissance mondiale en voie de ralentissement et donc moins gourmande en énergie. |
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