Les clefs de la réussite dans les affaires, selon l’ex-patron de «Judy», «un projet n’est ni facile ni difficile, il y a seulement des conditions de réussite à réunir”. De même, «on ne peut pas lancer de projet sans connaître ce qui se passe dans le monde». Ceux-ci sont parmi les principes qui ont guidé Mohamed El Haj Fehri Mehrez dans sa longue vie d’homme d’affaires.
«J’ai tissé ma réussite avec les fils de l’échec et des déceptions»
Ces propos profonds et sages ne sont pas le fruit de l’esprit fécond d’un théoricien du management, mais ceux d’un homme qui a le courage et la modestie de reconnaître qu’il n’a pas le bac et qu’il est un «self-made man» : Mohamed El Haj Fehri Mehrez, fondateur et ancien patron de «Judy».
S’adressant mercredi 20 septembre à un groupe de jeunes dirigeants d’entreprises, affiliés au Centre des Jeunes Dirigeants (CJD), relevant de l’UTICA, El Haj Fehri Mehrez a énuméré les clefs de la réussite dans les affaires ainsi que sa longue carrière qui lui a permis de l’apprendre.
D’abord, souligne celui qui se définit aujourd’hui comme un «chômeur de luxe», «un projet n’est ni facile ni difficile, il y a seulement des conditions» de réussite à réunir. Ainsi, «on ne peut pas lancer de projet sans connaître ce qui se passe dans le monde. Pour cela, il faut visiter les expositions internationales pour observer, noter et analyser au retour tout ce qui se fait ailleurs». Le premier d’entre eux est la chance, mais «la chance existe pour ceux qui s’accrochent». Mais Mohamed El Haj Fehri Mehrez a sa propre vision de la chose : «la chance c’est la confiance puissance trois : confiance en soi, savoir gagner la confiance des autres et savoir à qui donner sa confiance».
D’autres clefs non négligeables de la réussite sont la persévérance, l’audace, le sens de l’initiative et le dur labeur. «Je n’ai jamais, dans ma vie, travaillé moins de 18 heures par jour. Il m’est même arrivé de remplacer le gardien lorsque celui-ci voulait, par exemple, passer l’Aïd avec sa famille», insiste Mohamed El Haj Fehri Mehrez.
Autre leçon apprise : «Il ne faut pas se laisser guider par les sentiments dans les affaires –ce qui implique, par exemple, de ne jamais employer des parents, des amis ou des enfants d’amis. Faites fonctionner les mécanismes de l’entreprise».
Enfin, conseille l’orateur, il ne faut pas oublier que seulement cinq minutes séparent «l’échec de la réussite : le temps d’une décision».
Après une carrière d’une cinquantaine d’années, Mohamed El Haj Fehri Mehrez en est arrivé aussi à la conclusion qu’un chef d’entreprise doit aussi être exemplaire dans son comportement personnel et pas seulement dans sa manière de gérer ses affaires.
Premier précepte : «un chef doit se réveiller tôt et donner l’exemple en étant le premier à arriver au bureau et le dernier à partir». Ensuite, «il doit avoir la barbe rasée, être bien habillé et avoir les chaussures cirées». Troisième précepte : «il faut être sportif, au niveau tant du corps que de l’esprit». Enfin, un chef doit savoir garder son sang-froid, car «si le chef panique» tout le monde en fera de même.
Au crépuscule d’un parcours très riche, l’ancien patron de «Judy» devient aussi un petit peu philosophe : «L’amitié a coulé dans les intérêts». Mais lui continue de penser qu’il est nécessaire «de reconnaître ce qu’on doit aux autres». La vie de celui dont la «satisfaction est d’avoir réussi mon projet et mes enfants» peut servir de leçon non seulement aux jeunes entrepreneurs mais également aux plus âgés, notamment sur la manière de réussir le passage du témoin à sa descendance. Mohamed El Haj Fehri Mehrez s’est effacé progressivement au profit de ses trois enfants formés tous dans de grandes écoles. «Je leur ai transmis la gestion à 55, mes pouvoirs à 60 ans et à 62 je leur ai cédé tous mes biens».
Mais l’exercice est loin d’avoir été facile, surtout pour l’ego, admet ce patron à la retraite. «Lorsque j’étais aux commandes, on lavait ma voiture avec beaucoup de soin -on l’aurait léché avec la langue pour la lustrer-, et je recevais les journaux chez moi tôt le matin. Depuis que je suis à la retraite, il me faut emmener ma voiture au kiosque pour la faire laver et lorsqu’on se rappelle de m’envoyer les journaux, ils me parviennent en retard».