[02/10/2006 18:02:12] LONDRES (AFP) Des sociétés de jeux d’argent sur internet ont perdu plus de la moitié de leur valeur lundi à la Bourse de Londres après le vote à Washington d’une loi redoutée de longue date, fermant le marché américain à ces groupes qui y faisaient jusqu’alors le plus gros de leurs bénéfices. Parmi ces entreprises qui génèrent un revenu annuel de quelque 12 milliards de dollars, PartyGaming a été virtuellement exclu lundi de l’élite du Footsie-100 à laquelle il a appartenu dès son entrée en Bourse l’an dernier, cédant 58,66% pour se retrouver avec 1,8 milliard de livres (environ 2,7 mds d’euros) de capitalisation. Sur les autres marchés, Sportingbet a perdu 64,18% et 888 26,11%. Neteller, qui gère les transferts de fonds de ces jeux, a cédé 60,56% s Le Sénat américain a adopté dans la nuit de vendredi à samedi un texte, raccroché in extremis à une loi sur la sécurité dans les ports, qui interdit aux Etats-Unis les transactions financières liées à la plupart des jeux en ligne. Le secteur espérait depuis des mois que cette loi, déjà approuvée par la chambre des représentants, ne bénéficierait au Sénat ni de la volonté générale ni du créneau de temps nécessaire à son examen, mais c’était sans compter sur la persévérance du chef de la majorité républicaine au Sénat Bill Frist, un des promoteurs du texte, qui affiche des ambitions présidentielles pour 2008. Les groupes cotés à Londres ont aussitôt annoncé qu’ils cesseraient leur activité aux Etats-Unis dès que le président George Bush aura ratifié la loi, d’ici deux semaines. La plupart ont souligné qu’ils allaient enregistrer des résultats bien pires que prévu en 2006/2007, mais qu’ils allaient prendre des mesures structurelles et se concentrer sur leurs marchés non-américains. Sportingbet a réalisé 62% de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis l’an dernier, 888 52% du sien au premier semestre et PartyGaming 67% au premier semestre également. PartyGaming et Sportingbet ont souligné toutefois que la part de leur revenus hors Etats-Unis allait en augmentant. Redoutant cette loi, les groupes de jeu ont en effet commencé à prendre les devants depuis plusieurs mois. D’autant que la menace s’est faite plus réelle avec les arrestations cet été du directeur général et du président de BetOnSports et Sportingbet respectivement, le premier au Texas pour violation d’une loi de 1961 sur les paris sportifs par la voie des télécommunications, le second pour infraction à une loi déjà en vigueur en Louisiane contre le jeu en ligne. L’incertitude était devenue telle que, depuis quelques semaines, les dirigeants de ces groupes évitaient de se rendre aux Etats-Unis. Stephen Ford, de la maison de courtage Collins Stewart, a estimé que le vote du week-end était “un coup majeur porté au secteur, alors que la plupart des observateurs pensaient que la loi ne passerait pas”. Richard Carter, de Numis Securities, est plus optimiste. Il croit au repositionnement hors Etats-Unis des groupes, même “s’ils vont devoir changer d’échelle”. Il estime que la nouvelle loi “clarifie la situation” et pense que la chute brutale des titres lundi pourrait intéresser les investisseurs. “C’est pendant les crises qu’on fait les meilleurs investissements”, note-t-il. Au passage, il estime aussi que le vote du week-end est “très politique” et assez “hypocrite”, puisque les courses de chevaux, par exemple, ne sont pas concernées, ce que souligne aussi Sportingbet, qui avait mis en doute déjà que la volonté de “protéger les familles” mises en avant par les promoteurs du texte soit leur seule motivation. Sportingbet a indiqué qu’il allait vérifier si la loi est conforme “aux engagements pris par les Etats-Unis dans le cadre de l’OMC”. La loi a été mal accueillie aussi par les professionnels américains. Dans un communiqué, le patron du site EOG, Ken Weitzner, a ainsi déclaré que “la Prohibition est de retour aux Etats-Unis”. Il a estimé que les bookmakers et les salles de poker devaient “faire la fête” ou “être en extase” après ce texte susceptible de renforcer leur clientèle, et invité le président Bush à ne pas ratifier la loi. |
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