[02/10/2006 12:38:44] BERLIN (AFP) Le conglomérat allemand Siemens tentait lundi de corriger son image fortement ternie, en retirant un projet très controversé d’augmentation des salaires des dirigeants et en jurant solidarité aux salariés menacés de son ex-division de téléphones. “Siemens se bat pour son image”, titrait lundi matin le quotidien économique Financial Times Deutschland. “Sévères critiques à l’encontre de Siemens”, proclamait pour sa part la une du Frankfurter Allgemeine Zeitung conservateur. Pour redorer son blason, le groupe de Munich (sud) a annoncé lundi qu’il renonçait à une augmentation de salaire de 30% prévue pour ses principaux dirigeants, une mesure qui avait suscité le courroux de syndicats, personnalités politiques, salariés et même de l’évêque de Trèves. “Nous avons maintenant une nouvelle situation et nous voudrions donner aux gens un signe de solidarité”, a déclaré Klaus Kleinfeld, le patron de Siemens, au quotidien à grand tirage Bild. Les 5 millions d’euros initialement destinés à la hausse des salaires vont être affectés à un fonds spécial de 35 millions d’aide aux 3.000 salariés de BenQ Mobile, dont les emplois sont menacés. Derrière BenQ Mobile, qui a déposé le bilan vendredi, se cache en effet l’ancienne division de téléphones portables de Siemens, lequel a abandonné cette activité au taiwanais BenQ l’an dernier. Payant même le repreneur pour le convaincre d’absorber un actif déficitaire et, de l’avis de beaucoup d’observateurs, déjà condamné à l’époque. Les critiques très violentes ces derniers jours ont donc visé à la fois BenQ, mais aussi Siemens, et appelé à la responsabilité morale de celui-ci à l’égard de ses anciens salariés. Personnalités politiques de droite et de gauche ont donné de la voix, et la chancelière Angela Merkel elle-même s’en est mêlée. Elle a personnellement téléphoné à M. Kleinfeld dimanche. “J’ai fait comprendre à Siemens que cette entreprise de tradition avait une responsabilité particulière”, a-t-elle déclaré à Bild.
Pour le syndicat IG Metall toutefois, les moyens financiers mis à disposition par Siemens sont certes “un petit signe” de bonne volonté mais “même pas une goutte d’eau dans la mer” face aux besoins, a déclaré lors d’une conférence de presse à Munich Wolfgang Neugebauer, responsable régional. Surtout, pour M. Neugebauer, l’épisode BenQ est de mauvais augure pour les salariés de deux autres divisions de Siemens, Com (télécommunications) et SBS (services informatiques), qui rassemblent 12.000 salariés et pour lesquelles le groupe cherche preneur. “Il faut faire très attention à ce que le même scénario truqué ne se reproduise pas”, a-t-il mis en garde. Pourtant depuis vendredi, Siemens n’en finit pas de clamer son innocence dans l’affaire BenQ. “Toutes les affirmations selon lesquelles nous aurions donné notre aval à la faillite de BenQ Mobile en Allemagne sont une incroyable calomnie”, a déclaré M. Kleinfeld, cité par le communiqué du groupe. “Nous trouvons la manière d’agir de BenQ condamnable et nous aidons là où nous pouvons”, a-t-il ajouté. Par exemple, en proposant aux salariés de BenQ Mobile qui resteraient sur la touche une priorité à l’embauche chez Siemens. Entre-temps l’administrateur judiciaire de BenQ Mobile a déclaré espérer maintenir l’activité jusqu’à la fin de l’année, mais n’a donné aucune garantie pour la suite. |
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