Liban : saison désastreuse pour les stations balnéaires

 
 
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Des Libanais se baignent non loin d’un navire militaire français dans le port de Naqoura, le 25 août 2006 (Photo : Patrick Baz)

[03/10/2006 09:24:54] BEYROUTH (AFP) Bombardements israéliens dévastateurs et marée noire baignant les côtes: les stations balnéaires libanaises, qui avaient investi des millions de dollars pour la saison estivale, comptabilisent leurs pertes abyssales, un mois et demi après le conflit.

“Nos pertes directes et le manque à gagner s’élèvent à 10 millions de dollars à cause du conflit entre Israël et le Hezbollah et la marée noire qui a suivi”, affirme Roger Eddé, propriétaire du complexe balnéaire Eddé Sands, près de Jbeil, au nord de Beyrouth.

L’armée israélienne a lancé le 12 juillet, en pleine saison touristique, une offensive meurtrière de 34 jours au Liban, provoquant la fuite de milliers de touristes arabes et étrangers.

Et comme un malheur n’arrive jamais seul, plus de 15.000 tonnes de mazout se sont déversées dans la mer après le bombardement israélien de la centrale électrique de Jiyeh, au sud de Beyrouth, provoquant une marée noire qui a pollué une grande partie de la côte libanaise.

Une dizaine d’experts internationaux ont d’ailleurs entamé mardi une mission d’évaluation des dommages causés à l’environnement, a annoncé l’ONU.

“Nous avions dû fermer durant trois semaines pour nettoyer la plage des tâches de mazout, dont l’évaporation provoque des problèmes respiratoires, et la reprise (de la fréquentation) à la réouverture le 2 septembre a été faible”, ajoute M. Eddé.

Et de préciser, pour illustrer l’état des plages prises d’assaut en temps normal par les touristes et les Libanais, que “de 3.000 déjeuners et dîners servis en moyenne par jour avant la guerre, nous sommes tombés à 30”.

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Des volontaires libanais nettoient une plage de Beyrouth touchée par la marée noire, le 2 septembre 2006 (Photo : Anwar Amro)

Même son de cloche du côté d’une plage à Rmeilé, au sud de Beyrouth. “Nos pertes s’élèvent à deux millions de dollars. Nous avions investi énormément pour offrir aux Libanais et aux touristes une plage digne des plus belles au monde”, indique Hussein Charafeddine, propriétaire du Pangéa, où plusieurs piscines et des espaces verts s’étalent à perte de vue face à la mer.

“Nous avons l’intention de continuer à investir et nous prévoyons de construire un hôtel malgré les menaces qui pèsent toujours sur le Liban”, assure cependant M. Charafeddine, dont le nombre d’employés a été drastiquement revu à la baisse faute de clients.

“Nous nettoyons le sable et la mer des flaques de mazout, mais la marée noire revient tout souiller et tout est à refaire”, regrette-t-il, sans vouloir se laisser envahir par le désespoir.

M. Eddé affirme avoir rouvert après la guerre pour “garder le moral”. Mais il a interrompu la construction d’un centre de conférence pouvant accueillir 2.500 personnes et décidé d’arrêter les investissements en attendant de voir comment la situation va évoluer.

“Nous voulons voir où va le pays”, confie cet entrepreneur dont les investissements dans le secteur touristique s’élèvent à des millions de dollars chaque année.

Le Liban, qui ambitionne de retrouver sa place de destination touristique de choix et dont la façade maritime s’étend sur 220 km, a vu fleurir des dizaines de plages qui ont nécessité des investissements colossaux.

Plusieurs plages n’ont même pas eu le temps d’ouvrir, tel le Lazy B dont l’inauguration était prévue du 12 au 15 juillet. Du côté du Bamboo Bay, la situation est tout aussi difficile: 560.000 dollars de pertes et 350.000 dollars de manque à gagner. La plage, qui a rouvert le 1er septembre, n’a tenu que 10 jours et refermé ses portes faute de clientèle.

Tous s’attendent à une saison estivale 2007 morose. “Il faudra au moins deux ou trois ans pour retrouver l’affluence touristique des années passées”, soutient M. Charafeddine, rappelant les images des milliers de ressortissants étrangers fuyant le Liban vers la Syrie et Chypre au début de la guerre.

 03/10/2006 09:24:54 – © 2006 AFP