MMA bouscule le monde de l’assurance en remboursant les moins dépensiers

 
 
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Un médecin généraliste ausculte un patient (Photo : Marc Le Chelard)

[03/10/2006 19:11:37] PARIS (AFP) Les Mutuelles du Mans Assurances (MMA) bousculent le monde de l’assurance en proposant une complémentaire partiellement remboursable pour ceux qui dépensent moins, un concept qui va à l’encontre du principe de solidarité entre les générations.

Ce produit, qui sera proposé à partir du mois de décembre, est destiné aux “gens qui disent +je ne vais jamais chez le médecin+ et qui ont l’impression de payer pour rien” leur complémentaire santé, a expliqué à l’AFP une porte-parole de MMA qui, malgré son nom, n’est pas une mutuelle mais un assureur privé.

Ce nouveau produit, baptisé “Santé Double Effet”, est basé sur les deux formules de complémentaire santé de “milieu de gamme” de MMA. Moyennant une majoration de 15% par rapport aux tarifs de ces formules, la cotisation est divisée en deux moitié: l’une est conservée par l’assureur et la seconde fonctionne comme une réserve remboursable.

Si dans l’année qui suit, les dépenses de santé sont faibles voire nulles, la mutuelle s’engage à rembourser cette réserve. L’économie peut donc atteindre, si vous n’avez aucune dépense sur un an, environ 35% du prix de la complémentaire équivalente de MMA.

“Si vous avez 30 ans et que vous allez cinq fois chez le médecin dans l’année en achetant les médicaments qui vont avec, vous n’aurez pas épuisé votre réserve”, précise une porte-parole de MMA.

En revanche, dès que l’on a recours à un soin un peu coûteux, comme des prothèses, ou en cas d’hospitalisation, “la réserve sera amortie en une fois” et il n’y aura pas de remboursement cette année-là.

L’assuré continuera toutefois à être remboursé sans pénalité, souligne la porte-parole.

La MMA se défend de casser le principe de mutualisation, c’est-à-dire de solidarité entre les bien portants et les malades.

“On n’oblige pas les gens à prendre cette formule. On garde la même base de mutualisation pour tous”, se justifie MMA.

Un spécialiste de l’assurance santé, qui veut garder l’anonymat, souligne pour sa part que la loi interdit “d’appliquer des bonus-malus sur les contrats de santé comme en assurance auto”.

“Les assureurs sont obligés de trouver d’autres moyens pour récupérer les bons risques, les jeunes et ceux qui n’ont pas d’enfants” par exemple, ajoute-t-il, reconnaissant que la démarche est assez nouvelle.

Cette initiative scandalise les représentants des mutuelles et des consommateurs.

“C’est dangereux de mettre dans la tête des gens qu’ils vont payer non plus en fonction du principe de solidarité mais en fonction du risque qu’ils représentent”, estime Jean-Pierre Davant, président de la Mutualité Française.

“C’est la négation du principe de solidarité”, insiste Jacques Mopin, vice-président de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir.

Les Mutuelles du Mans Assurances font valoir que ceux qui estiment dépenser peu pour leur santé ont tendance à ne plus s’assurer, ce qui peut être dangereux en cas de gros pépin.

“Si les jeunes ne s’assurent pas, c’est parce que les assurances sont trop chères”, répond M. Mopin. Pour M. Davant, il y a d’autres façons de lutter contre l’inflation des coûts: “il y a la prévention, le dépistage, le fait d’inciter à changer ses habitudes de vie”.

M. Mopin fait aussi remarquer que “chaque automne (le groupe Maaf-MMA, qui s’est rapproché de Azur-GMF) prépare de façon extraordinaire sa campagne de pub”.

L’an dernier, UFC-Que Choisir avait assigné Maaf Assurances en justice pour sa publicité mettant en avant les produits ayant des propriétés présentées comme anti-cholestérol de marque Proactiv (Unilever). Elle a cependant été déboutée par le tribunal de grande instance de Paris.

 03/10/2006 19:11:37 – © 2006 AFP