Des
groupes indiens, spécialisés dans la production de médicaments génériques,
sont en négociation avec les autorités sanitaires tunisiennes pour la
création de joint-ventures en Tunisie. Les noms de firmes pharmaceutiques
comme Rambaxy, Cipla ou Hetero Drugs sont avancés. Beaucoup de facteurs
militent en faveur du succès d’un tel partenariat.
L’agence de promotion des investissements extérieurs (FIPA) signale, dans
ses actions de promotion, l’existence d’opportunités d’investissement dans
la production de médicaments génériques (anti-infectieux,
anti-inflammatoires, anticancéreux), la fabrication de vaccins, la
production d’emballages pharmaceutiques et la mise en place de structures de
recherche-développement sur de nouveaux médicaments.
La Tunisie est, par ailleurs, intéressée par la puissance financière et
apport technologique de ces firmes pour accroître, au moindre coût, sa
production de génériques et satisfaire ses besoins de médicaments sans cesse
croissants.
Quant aux groupes indiens, ils sont intéressés par le positionnement de la
Tunisie en tant que marché relais pour accéder aux marchés de proximité :
l’Union européenne, le Maghreb, le Moyen-Orient et l’Afrique.
En dépit des efforts déployés, depuis 1989, pour développer une industrie
pharmaceutique capable de satisfaire les besoins de la Tunisie et de dégager
un excédent pour l’exportation, la Tunisie n’est pas parvenue à réaliser
l’ambitieux objectif de réaliser un taux de couverture de ses besoins en
médicaments de 60% par la production locale.
La fabrication locale des génériques représente 40% et celle des princeps
60%, médicaments fabriqués sous licence. Le marché tunisien du médicament
est estimé à 480 millions de dinars dont 260 millions de dinars
d’importations.
Les génériques représentent 30% de ce marché et 12% du total des
importations. La part des génériques dans la consommation hospitalière est
évaluée à 47,5% contre seulement 10% en officines.
L’industrie pharmaceutique, en Tunisie, bénéficie, depuis les années 90,
d’une batterie d’incitations fiscales, financières et commerciales.
En effet, au plan fiscal, il y a lieu de citer l’exonération des droits de
douane pour les matières premières et articles de conditionnement, la
réduction des droits de douane pour les équipements et l’application d’un
taux de TVA de 6%.
Au plan réglementaire, la législation tunisienne autorise la sous-traitance
en matière d’industrie pharmaceutique avec possibilité de détention jusqu’à
100% du capital pour les investisseurs étrangers, et liberté des transferts
des fonds.
Au plan commercial, l’Etat tunisien protège le produit fabriqué localement,
et partant, interdit toute importation de produits similaires à ceux
fabriqués localement.
Cette protection est sévèrement critiquée par les fournisseurs
(laboratoires) étrangers qui la considèrent comme une entrave administrative
à leur accès au marché tunisien.
Conséquence : les laboratoires qui souhaitent commercialiser leurs produits
sur le marché tunisien et contourner cette contrainte, n’ont, hélas d’autre
choix que la fabrication sous licence par un laboratoire local ou
l’implantation pour produire localement.
En dépit de cette difficulté, les investissements dans le secteur n’ont
cessé de croître. Ils sont, depuis, passés de 10 millions de dinars en 1989
à 280 millions de dinars en 2004. La Tunisie compte aujourd’hui une
trentaine de laboratoires contre 8 seulement en 1987.
Certains laboratoires étrangers ont jugé les incitations instituées par
l’Etat tunisien assez encourageantes pour s’implanter dans le pays. C’est le
cas de 6 grands groupes étrangers qui se sont délocalisés en Tunisie dont 3
à capitaux américains (BMS-UPSA, Pfizer et Baxter), 2 français (Sanofi-
Avantis et Pierre Fabre) et un laboratoire tuniso-canadien (BioMena S.A.)
spécialisé dans la fabrication de médicaments biologiques à coûts abordables
pour traiter l’anémie, le cancer, l’hépatite et la sclérose en plaques.
Au chapitre des faiblesses, ces laboratoires n’exploitent que 50% de leur
capacité de production et exportent très peu.
Peu compétitifs, ces laboratoires, handicapés par leur petite taille
exportent à peine pour 12 à 15 millions d’euros, soit 5% à 7% de la
production. Pour faire face à la concurrence, ils ont tout intérêt soit à se
rapprocher, soit à fusionner, soit à se regrouper en Groupements d’Intérêt
Economique (GIE) et en consortiums d’exportation.
La Tunisie exporte essentiellement vers la Libye, l’Irak et certains pays
d’Afrique du Nord et Sub-Saharienne.
Mention spéciale pour la Société des Industries Pharmaceutiques de Tunisie (SIPHAT),
la doyenne des entreprises du secteur. Ce laboratoire, le seul à être doté
d’un laboratoire de recherche-développement, crée selon son PDG Maher
Kammoun ses propres médicaments (3 à 5 nouveaux produits par an) et
s’emploie à exporter vers de nouveaux marchés tels que celui du Yémen.
Pour mémoire, un médicament générique est la stricte copie d’un médicament
original dont le brevet est tombé dans le domaine public. Lorsque le brevet
expire, le médicament “tombe” dans le domaine public. Une copie conforme du
médicament de référence ou “princeps”, le médicament générique, peut être
fabriqué et commercialisé sous un nom différent par des laboratoires
pharmaceutiques agréés.
Le médicament générique répond aux mêmes critères de qualité et de sécurité
que les produits de référence.